Inauguration de l’école, Maison des solidarités, tempête Ciaran… Les semaines se suivent à Gouesnou et ne se ressemblent que sur un point : l’intensité des projets portés par l’équipe municipale. À mi-mandat, Stéphane Roudaut livre une analyse sensible de son action et de son rôle de maire d’un irréductible village breton !

Vie locale,  Vie municipale

Publié le lundi 15 janvier 2024

Inauguration du groupe scolaire Isabelle-Autissier le 30 septembre 2023

La vie de la municipalité est toujours très dense, mais que dire du semestre qui vient de s’écouler et des projets en cours ?

Qu’il n’y a pas eu de temps morts, y compris cet été avec les travaux dans les gymnases, les écoles, la préparation de l’inauguration du groupe scolaire Isabelle-Autissier. Un moment fort, festif, joyeux. Construire une école, c’est exceptionnel, surtout une école aussi exemplaire que celle-ci ! Une réussite qui donne le ton du nouveau quartier de l’îlot mairie qui va prendre vie en plein cœur du bourg.

Les équipes sont aussi mobilisées sur la rénovation énergétique de l’école du Moulin, sur la définition du Schéma directeur paysager, sur le projet de la Maison des solidarités, des Nat’urbaines et bien d’autres.

 

Le contexte économique a des incidences concrètes sur la vie des Gouesnousiens, quel est son impact sur la politique locale ?

Nous sommes dans l’obligation d’adapter notre politique à la situation avec des facteurs forts de préoccupation sur la précarité et le logement. Comme sur tous les sujets, nous sommes dans l’action avec un investissement continu dans l’habitat social. Depuis mon premier mandat, nous sommes passés de 9 à 16,5% de logements sociaux sur la commune. Un engagement fort qui, malheureusement, ne suffit pas à absorber toutes les demandes qui ont littéralement explosé. Avant le Covid, nous étions à 350 demandes de logement par an. Post 850 fin 2022 et nous finirons l’année 2023 avec vraisemblablement près de 1400 dossiers déposés majoritairement par des familles monoparentales.

J’en profite pour souligner que l’image véhiculée autour du logement social n’est pas la bonne. Il faut changer de vision, développer une culture commune. Nous pouvons tous être concernés par le sujet, il suffit d’un accident de la vie, d’une séparation, d’une perte ou d’un manque de revenus.

 

Un contexte qui donne encore plus de sens au projet de la Maison des solidarités dite Maison Simone-Veil ?

La Maison Simone-Veilest à la fois le contenu et le contenant du projet social qui vient d’être formalisé après plusieurs mois de travail (voir Gouesnou Le Mag n°57). Elle devrait ouvrir dans 18 mois. Je sais les impatiences liées à la réalisation de ce projet qui a été décalée pour être mieux pensée. Quand l’État a mis en place le Fonds vert en 2021, notre dossier n’était pas loin des critères exigés pour bénéficier des subventions, nous l’avons donc retravaillé pour qu’il soit éligible.

Le dossier revu, rééchelonné, est extrêmement opportun, tant dans les usages que sur le plan énergétique avec probablement l’installation de panneaux photovoltaïques qui viendront compléter les 192 installés sur le toit de l’école Isabelle-Autissier avec une même logique d’autoconsommation.

 

Projection de la future Maison des Solidarités Simone Veil

 

La Maison Simone-Veil sera un lieu de vie mais aussi de services avec la création d’une agence postale communale ?

Je suis assez en colère contre La Poste qui organise sa disparition des territoires en oubliant l’importance de sa présence, de son rôle de solidarité. Je sais que les facteurs en sont les premières victimes et les premiers peinés, mais ce qui se passe à Gouesnou comme ailleurs n’est pas satisfaisant. On m’interpelle souvent à ce sujet.

Nous nous dirigeons donc vers la création d’une agence postale communale dans les locaux de la maison Simone-Veil. Une agence qui permettra une amplitude horaire plus importante pour un service mieux adapté aux besoins des Gouesnousiens, notamment les actifs. En ce sens, elle se rapproche d’une maison des services publics même si, en tant que commune de la métropole, nous ne pouvons malheureusement pas prétendre à cette labellisation.

 

 

 

Au-delà des services, la commune investit aussi beaucoup dans le cadre de vie des Gouesnousiens ?

Nous avons lancé il y a des années une politique extrêmement forte autour du cadre de vie et du patrimoine. Nous avons investi 270 000 € pour la colorisation des façades en centre-bourg, la mise en accessibilité des commerces, le changement des fenêtres, des volets, etc.

La prochaine étape est de renforcer la présence de la nature en ville pour plus de biodiversité, moins d’îlots de chaleur et un cadre de vie agréable. C’est tout l’enjeu du Schéma paysager sur lequel nous travaillons pour avoir un « plan de bataille » cohérent qui détaille étape après étape ce que nous devons faire.

Des travaux sont déjà en cours au niveau de la Penfeld avec la création d’un platelage entre les quartiers de Kerdidrun et Laënnec. Une passerelle en bois très esthétique avec une dimension aussi très didactique d’explication des enjeux paysagers, écologiques, qui mènera aux jardins de la Penfeld avec un verger partagé, qui va évidemment mettre un peu de temps à pousser.

J’aimerais bien être Panoramix mais quand je sème des graines, les arbres ne poussent pas immédiatement !

Inauguration des fresques de la rue de la Gare

En revanche, la culture pousse vite et foisonne à Gouesnou !

Je suis très fier de la qualité et de l’ambition de notre politique culturelle. Résidences, production, co-production, aides à la diffusion, etc. Nous avons permis la création d’une trentaine de spectacles, beaucoup en direction des scolaires. Cela veut dire qu’à Gouesnou, il y a des enfants des trois écoles qui viennent gratuitement voir des spectacles plusieurs fois dans l’année. Il est mportant de rappeler qu’il n’y a pas un euro des impôts des Gouesnousiens alloué à la programmation culturelle, elle est entièrement financée grâce à la générosité de nos partenaires que je remercie.

 

La culture c’est aussi de l’art contemporain et une nouvelle fresque inaugurée rue de la Gare en septembre…

Oui et le sujet interroge toujours. On m’a demandé pourquoi nous avions fait appel à Kid kréole et Boogie, des artistes réunionnais, et pas à des talents locaux. Je réponds en renversant la proposition, est-ce que nous sommes d’accord, ou pas, pour que les artistes bretons puissent aller à La Réunion ? Dit comme ça, cela parait idiot, non ? Si on ne fait pas mouvement en matière culturelle, on reste entre nous avec le risque d’appauvrir la création. Et puis ce choix s’inscrit dans la cadre de notre collaboration avec le centre d’art contemporain Passerelle.

 

Kris et Florent Calvez à l’occasion du lancement du projet de BD

Toujours dans le domaine de la culture, une année mémorielle importante se dessine pour Gouesnou ?

Oui, 2024 sera une année de commémoration extrêmement importante, marquée par les 80 ans du massacre de Penguérec. Nous avons, je le rappelle, co-financé une thèse de Doctorat d’histoire pour faire la lumière sur ce massacre perpétré en 1944. Une démarche originale dont le président de l’UBO de l’époque, Matthieu Gallou, dont je salue la mémoire et l’engagement, avait souligné le caractère unique, novateur et percutant.

 

C’est notre devoir de prolonger ce travail pour qu’il en reste quelque chose. La thèse de Dimitri Poupon va être publiée avant l’été 2024 aux éditions du CRBC et pour que ce travail soit accessible au plus grand nombre, il va être décliné en BD. Une BD confiée, pour le coup, à deux artistes locaux, Kris pour le scénario et Florent Calvez pour les dessins (voir article page 10). D’autres temps forts seront organisés avec nos partenaires, je pense notamment aux associations des Amis du patrimoine et Brest 44.

 

 

 

 

« Je voudrais vraiment que l’on retrouve de l’indulgence et de la patience dans notre société »

 

Alors que nous sommes à mi-mandat, la presse a déjà commencé à parler de l’échéance de 2026. Quel impact sur l’activité du maire de Gouesnou ?

Aucun ! J’étais, je suis et je resterai pleinement investi pendant toute la durée de mon mandat. La vie du maire de Gouesnou c’est minimum 70h par semaine dont les 3/4 à Gouesnou. Je le dis, non pour me plaindre, mais pour souligner que l’investissement est fort et que si je le fais c’est parce que j’aime ça. Et les Gouesnousiens me le rendent bien. La poignée de main, le petit coup de klaxon, le café partagé, les messages de sympathie, etc. Ce que j’aime c’est le contact humain, ça disperse tout le reste, tous les tracas de la fonction.

Le Maire rencontre les bénévoles de la réserve citoyenne à l’occasion d’une opération de nettoyage des cimetières communaux

Depuis les dernières élections municipales en 2020, plus 1300 maires ont démissionné, qu’est-ce que cela vous inspire ?

La mairie et le maire sont « à portée de baffes », c’est dur. Nous devons tout savoir, tout gérer et tout régler tout de suite sauf que, dans de nombreux cas, le mécontentement exprimé, avec de plus en plus d’agressivité, porte sur des compétences qui ne sont pas celles de la Ville.

Quand il y a un problème sur une route départementale, sur le réseau de bus, sur l’éclairage public, le réseau d’eau, quand il y a un trou dans la chaussée ou que l’on trouve que les avions de chasse font trop de bruit en survolant Gouesnou à l’heure de la sieste… C’est la mairie de Gouesnou que l’on appelle, pas le Conseil départemental, Bibus, Enedis, Eau du ponant, Brest métropole ou l’Aviation civile…

Quand l’arbre du voisin menace de tomber sur sa maison, on n’appelle pas le voisin mais le maire de Gouesnou. On m’appelle même le soir pour des problèmes de nuisances sonores, le week-end pour des questions de succession, etc.

 

 

 

 

« J’aime la proximité, c’est ce qui fait l’intérêt, le sel de la fonction, mais pas la sur-sollicitation, ni l’agressivité et la colère”

Nous vivons dans une logique de l’immédiateté qui voudrait que le maire soit disponible dès qu’on l’appelle ou que l’on passe le seuil de la mairie. Sauf que mon agenda est bloqué à trois mois. Un délai que l’on accepte quand on veut prendre RDV chez un ophtalmo !

J’aimerais un peu d’indulgence pour les équipes, les élus et moi-même. J’aimerais que les Gouesnousiens comprennent que nous traitons tous les messages, toutes les demandes et que tous les dossiers sont ouverts, mais nous ne pouvons pas tous les faire avancer au même rythme.

 

Un dernier mot concernant la récente tempête ?

Certains de nos équipements ont été sérieusement endommagés, notamment le Crann et le centre Henri-Queffélec, beaucoup d’arbres sont tombés, mais nous avons été relativement épargnés et surtout, il n’y a eu aucune victime.

Je veux saluer la mobilisation de tous les membres des services techniques, des élus, des agents ainsi que des bénévoles de la réserve citoyenne Gouesnou Volontariat, qui ont tous effectué un travail exceptionnel dès les premières heures d’après tempête pour dégager les routes et apporter leur aide aux Gouesnousiens en difficulté. Une mobilisation à l’image de notre ville, solidaire. Alors, merci à eux !

 

Réunion des agents municipaux et des bénévoles mobilisés suite à la tempête CIARAN en novembre 2023

Des agents et bénévoles mobilisés sur le terrain suite à la tempête CIARAN

 

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