Jusqu’aux années 50, de nombreuses femmes, y compris à Gouesnou, devaient se soumettre aux règles strictes édictées par l’Église, parmi lesquelles, la période des relevailles. Sans représenter une attaque envers la religion, ce témoignage évoque le sentiment d’injustice et le désir d’équité portés par les femmes, à cette époque pas si lointaine.
Les relevailles
« Ce matin du 2 avril 1951, Jeanne-Marie se hâte vers l’église. Elle se rend à une petite cérémonie : les relevailles. Il y a vingt jours, Jeanne-Marie a donné naissance à un petit Louis. Pour l’Église, cette grossesse a fait d’elle une « pécheresse » ; elle a été « souillée » et elle est devenue « impure ». Avant de pouvoir assister aux offices avec les autres paroissiens, elle doit être purifiée, et c’est pour cette raison qu’elle a pris rendez-vous avec M. le Recteur. Jeanne-Marie est très contrariée. Sa mère a tenté de la calmer en lui disant que, vingt-cinq ans auparavant, elle a dû, elle aussi, se conformer à cette pratique, en revêtant, de surcroît, « l’affreuse » cape de deuil, alors que Jeanne-Marie est vêtue normalement. Trois jeunes femmes attendent déjà dans le porche. M. Le Recteur ouvre la porte, accueille les pénitentes, les bénit et les fait entrer dans l’église pour prier avec elles. C’est fini ! Jeanne-Marie reprend le chemin de la maison, le coeur lourd, submergée par un immense sentiment d’incompréhension et d’injustice.
Elle se rappelle bien ce même prêtre, leur disant, au cours de leur messe de mariage, que la finalité de leur union était de donner naissance à des enfants, et elle n’admet pas avoir dû se soumettre à cette cérémonie, alors que son époux en est dispensé… En arrivant chez elle, Jeanne-Marie a pris une décision : c’était une première fois, mais ce sera la dernière… ».
C’est au début des années 1950 que plusieurs femmes de Gouesnou ont agi comme Jeanne-Marie. Un petit pas sur la route encore longue vers l’égalité…
Cape des relevailles