Le 25 mars dernier, le Conseil municipal a adopté le budget primitif de la commune. Le maire, Stéphane Roudaut, et l’adjoint aux finances, Maxime Herlédan, échangent leurs impressions sur les grandes lignes de ce budget 2021 et évoquent la stratégie municipale pour mener à bien ce nouveau mandat.

Économie

Publié le vendredi 16 avril 2021

 

Avant d’aborder l’exercice 2021, que tirez-vous des six dernières années ?

 

Stéphane Roudaut : Beaucoup de fierté à vrai dire ! Nous avons connu un mandat extrêmement riche et palpitant.
Il faut dire qu’entre les coupes budgétaires de l’État, les aléas dans les chantiers, nous n’avons pas été épargnés ! Mais à l’heure de faire les comptes en fin de mandat, ce ne sont pas moins de 62 M€ consolidés qui ont été investis au service d’une dynamique de territoire. Cet argent public va dans l’emploi local – directement et indirectement –, il crée de l’emploi, il est investi au service des habitants, des familles, du tissu associatif, de la qualité de vie. C’est un cercle vertueux.

Maxime Herlédan : Si je devais tirer un seul enseignement, c’est celui de notre capacité à tenir notre trajectoire malgré les vents contraires. Nous avons clôturé ce mandat avec la satisfaction du travail accompli, tout en préservant nos capacités budgétaires, et ce en dépit du désengagement financier de l’État. J’insiste là-dessus mais entre la diminution des dotations et la perte de population, nous avons dû composer avec un manque à gagner cumulé de 3,5 M€ en six ans ! Cette adversité a eu le mérite, si je puis dire, d’affermir, année après année, notre « logiciel », notre façon de procéder. À chaque dépense nouvelle, ou augmentation d’une ligne, nous répondons par une économie ou une recette nouvelle.
L’expérience nous a enfin appris à faire preuve de toujours plus de prudence dans l’évaluation des dépenses, et de réalisme, pour ne pas dire pessimisme, en ce qui concerne les recettes.

 

Ce nouveau mandat s’est engagé dans un contexte inédit de crise mondiale dont les conséquences à long terme sont encore difficilement mesurables. Au regard de cette situation, comment s’est construit ce budget 2021 ?

 

M.H. : Il n’y a pas eu de rupture dans notre approche, notre méthode. Il faut savoir que la crise a une répercussion moins importante sur les finances des « petites » collectivités comme la nôtre. Attention, je ne dis pas que l’impact est neutre, mais à l’heure actuelle, il reste soutenable et n’obère pas nos équilibres budgétaires. La vigilance reste de mise, mais il n’y a pas lieu de renverser la table ou mettre en suspens nos projets. La pire des choses à faire serait de freiner nos investissements, on enverrait un signal catastrophique au territoire et aux entreprises !

S.R. : Maxime a raison de le souligner.
On a bien évidemment conscience du contexte, qui appelle à redoubler de vigilance. Pour autant, nous avons une dynamique à l’oeuvre sur notre territoire, qu’il appartient d’entretenir.
Et puis, nous avons les reins solides, car nous avons toujours agi avec prudence.
Les résultats de l’exercice 2020 en sont une bonne illustration.

 

En séance du Conseil municipal, vous avez qualifié le budget 2021 de « plan de relance » pour Gouesnou…

 

S.R. : Rassurez-vous, je ne suis pas devenu mégalomane et ne souhaite pas faire de concurrence à l’État (rires) !
Plus sérieusement, je crois que nous avons une responsabilité collective à soutenir toutes les forces vives – économiques, associatives, sociales, etc. – et protéger les Gouesnousiens. L’État prend sa part, mais c’est à nous aussi, collectivités, de prendre la nôtre. Le budget adopté traduit donc des choix politiques forts, autour de cinq valeurs et lignes de force : la solidarité, la culture, l’enfance et la jeunesse, la vie locale et le développement durable.
Pour prendre le seul exemple de la culture, secteur en souffrance, nous avons décidé de porter le budget consacré à la programmation culturelle à 120 000 €, contre 95 000 € l’année dernière, et ce, sans compter le projet Territoires Extras porté avec le centre d’art Passerelle.

 

Mais ces choix « forts » comme vous le dites n’ont-ils pas un impact sur les équilibres budgétaires ?

 

M.H. : Non, car à ces choix politiques, nous adossons soit une recette en face, soit une économie sur un poste en compensation. Cette année, par exemple, nous projetons une économie de 12 000 € sur les consommations d’énergie, ou encore 11 000 € sur les fournitures de petit équipement.
Plus globalement, nous poursuivons à périmètre constant une forte maîtrise des grands chapitres budgétaires. À titre d’exemple, sur les dépenses de personnel, qui représentent près de 3 M€, l’évolution hors dépenses contraintes se chiffre à + 20 000 €, soit simplement 0,7 %.

 

Sur le plan des recettes attendues, qu’en est-il ?

 

M.H. : Disons que nous avons un peu fait notre deuil des concours financiers de l’État. Cette année, c’est une division par 4 qui s’opère sur notre dotation forfaitaire. Mais d’année en année, la collectivité apprend à faire avec moins, et bientôt, peut-être, à faire sans. Concernant les autres chapitres, la plus grande prudence reste de mise sur les prévisions, qu’il s’agisse de la fiscalité ou des produits des services.
Sur ce dernier point, nous resterons tributaires de l’évolution sanitaire.

S.R. : Je voudrais simplement revenir sur la réforme-suppression de la taxe d’habitation. Cette année, pour la première fois, tous les contribuables connaîtront a minima un dégrèvement du montant à payer. 72 % des ménages gouesnousiens bénéficient dorénavant d’une économie moyenne de 920 € sur la taxe d’habitation. Pour les 28 % restants, le gain moyen sera de 370 € cette année, et s’élèvera à compter de 2023 à 1 420 € environ. Je m’en réjouis naturellement, mais je m’inquiète pour deux raisons. La première, c’est la réduction des marges de manoeuvre fiscale de la collectivité. La seconde, c’est la pérennité des compensations de l’État, liées à cette réforme. C’est une inquiétude partagée par les élus locaux, de toutes tendances.

 

Sur le plan des investissements enfin, la Ville garde le cap avec près de 4 M€ de nouveaux travaux.

 

S.R. : Comme nous l’avons évoqué, le contexte actuel ne doit pas nous freiner dans nos projets d’investissement. Nos ratios ont évolué au gré de notre politique d’investissement et de nos choix forts, mais tous restent dans le vert.
Nous restons lucides. Il n’existe pas de projet déconnecté sur ce mandat, de projet qui ne réponde pas à un besoin.
Et pour chaque projet d’investissement, nous scrutons attentivement les potentialités en termes de subventionnement.
Nous avons même constitué un groupe technique d’agents qui opèrent une veille permanente sur les nombreux appels à projet du plan « France Relance ». Nous avons tout récemment reçu des notifications de subventions, dont une de l’État au titre de la DETR (N.D.L.R. : Dotation d’Équipement des Territoires Ruraux) de 330 000 € pour la construction du nouveau groupe scolaire du Château-d’Eau. Ces 330 000 € obtenus par l’implication du sous-préfet Ivan Bouchier, c’est autant d’emprunt en moins, et donc moins de capital à rembourser et d’intérêts à payer.

M.H. : Et pour rebondir sur ce que dit le maire, nos ratios financiers sont bons, ils nous permettent de réaliser ces investissements, d’en supporter la charge financière. Cela étant dit,
la livraison en 2023 de la nouvelle école signera la fin d’un cycle fort pour la collectivité. Nous réduirons les volumes d’investissements et limiterons le recours à l’emprunt, afin de « régénérer » nos capacités budgétaires. Pour schématiser, nous ralentirons un peu le moteur avant de « réaccélérer » (rires) !

 

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