Sur les chantiers, on entend à nouveau le marteau et le bruit des machines, après six semaines de calme plat. Mais les temps s’annoncent incertains pour les entreprises du BTP. Aussi, la Ville de Gouesnou, à son échelle, s’engage pour soutenir les professionnels du secteur.

Économie,  Travaux

Publié le vendredi 8 mai 2020

 

« Les gars du bâtiment travaillent en autonomie. Ils en ont marre, du confinement ! », s’exclame Jean-Robert Charlet, secrétaire général de la Fédération du bâtiment et des travaux publics du Finistère (FFB 29). Heureusement, pour nombre d’entre eux, l’activité se remet en route, à quelques jours du déconfinement. Il estime que 80 % des entreprises ont repris (partiellement) ou sont en position de reprendre les chantiers.

À Gouesnou, les chantiers de l’église Saint-Gouesnou, en centre-bourg, et de l’Espace Pierrot-Ménez, au Crann, ont repris. Une visite de ces deux chantiers d’envergure s’est tenue ce mercredi 6 mai, en matinée. Jean-Charles Le Borgne et Jean-Robert Charlet, de la FFB 29, ont été conviés à la rencontre par le maire, Stéphane Roudaut, et quelques adjoints. Denis Penarguear, adjoint aux travaux, contextualise : « On parle du chantier de la première église classée de la métropole, qu’on ne peut donc pas laisser aller à vau-l’eau, et d’un projet qui permettra aux footballeurs de quitter les locaux du Crann, insalubres et amiantés ».

De gauche à droite : Jean-Robert Charlet, secrétaire général FFB 29 ; Denis Penarguear, adjoint aux travaux ; Jean-Charles Le Borgne, président de la FFB 29 ; Stéphane Roudaut, maire de Gouesnou ; Jean-François Leroy, adjoint à la culture ; Jérôme Lorieux, de Maison Grevet ; Hervé Rolin, responsable de pôle travaux-urbanisme-environnement à la Ville de Gouesnou ; André Salaün, adjoint aux sports.

 

La Ville raccourcit le délai de paiement

Le lieu symbolique de ce retour à la vie des entreprises du BTP, c’est l’église Saint-Gouesnou. « On est en plein centre-bourg. L’église, c’est l’ADN de Gouesnou. On a vu l’échafaudage se monter, puis tout s’est arrêté. C’est un soulagement de voir le chantier de restauration de ce joyau repartir », confie Jean-François Leroy. L’adjoint à la culture et au patrimoine historique, visiblement inspiré, résume : « On n’entend plus les cloches, mais on entend le bruit du marteau-piqueur ».

André Salaün, adjoint aux equipements sportifs, se réjouit de la reprise de la construction de l’Espace Pierrot-Ménez. « Ce sera un bâtiment optimal et polyvalent au profit de toutes les associations. Un bâtiment au cœur du futur parc du Crann », décrit-il.

Pour Stéphane Roudaut, maire de Gouesnou, il était naturel de tout mettre en œuvre pour accompagner le redémarrage du secteur. « Je me sens très proche des préoccupations des entreprises du bâtiment : je les considère comme le début de la chaîne économique. Ce n’est pas pour rien que l’on dit que quand le bâtiment va, tout va. » Ainsi, sur les deux sites où l’activité a repris, des espaces ont été mis à disposition pour se changer, se laver et se restaurer.

Autre élément, non négligeable celui-là : la décision de la Ville de raccourcir le délai de paiement aux entreprises. « On n’a jamais été payés aussi vite ! Ça fait du bien. Si toutes les communes pouvaient faire comme Gouesnou… », constate Matthieu Forest, gérant de l’Entreprise Forest de Brélès. Cette dernière est engagée sur le chantier de l’Espace Pierrot-Ménez, qui a repris le 20 avril. « On n’a pas besoin de rajouter de la crise à la crise », répond simplement le maire de la commune.

Inquiétude pour 2021

L’idée est de débloquer rapidement de la trésorerie pour ces entreprises qui n’ont pas débuté tous leurs chantiers. « Le carnet de commandes nous amène jusqu’à la fin de l’année sans souci, avec un pic entre l’été et l’automne », explique le patron de l’Entreprise Forest, serein pour l’exercice 2020.

Le sentiment qui prime, pour les chefs d’entreprises concernés, c’est le soulagement d’avoir repris le travail. Mais hélas, cet arrêt de 50 jours n’a pas fait du bien. « C’est dramatique ! En moyenne, cela représente entre 9 et 11 % de surcoût pour les entreprises, avec l’allongement des plannings », évalue Jean-Robert Charlet.

« Entre le 15 mars et le 15 avril, il ne s’est rien passé en appels d’offres. Cela va faire un trou d’air monstrueux. Les entreprises auront trois mois sans rien », prédit Jean-Charles Le Borgne. De plus, si les gros chantiers privés repartent bien, les très gros chantiers publics sont encore désertés. « Quand tout le monde était à la maison, la première inquiétude des gars, c’était la santé financière de l’entreprise. Ça fait chaud au cœur », raconte Matthieu Forest.

En fait, l’inquiétude porte plutôt sur l’année prochaine. « On a besoin de 1,5 à 2 M€ tous les ans. Mais comme les élections ne sont pas allées au bout, les projets municipaux ne sortent pas. Il y aura un trou dans les dossiers », poursuit le chef d’entreprise. André Salaün, rebondit : « Il est important que les collectivités poursuivent leurs programmes d’investissement pour donner du travail à tous leurs prestataires ».

Repenser la coactivité

Pour la Fédération du bâtiment du Finistère, qui rassemble près de 500 entreprises et 8 000 salariés, les questions matérielles se décantent. « On a commencé la distribution de masques, que l’on a reçus le mardi 5 mai, auprès de nos adhérents. Et le gel hydroalcoolique est arrivé il y a dix jours environ », annonce le secrétaire général de la FFB 29. Les entreprises du bâtiment s’équipent pour reprendre au plus vite. « Et la préfecture nous a bien aidés à faire repartir l’activité. »

Un autre défi se profile pour les professionnels du bâtiment : celui de repenser la coactivité. Elle va entraîner un besoin accru de masques et de visières. La FFB 29 va devoir établir les bonnes pratiques et les protocoles à déployer. « Il va falloir gérer la question des postures qui mobilisent deux ou trois ouvriers. Et réfléchir au moyen de coordonner l’action des ouvriers plaquistes, électriciens et du génie sanitaire, qui travaillent en étroite collaboration », prévient Jean-Robert Charlet.

Pour le moment, que ce soit sur le chantier de l’église Saint-Gouesnou, où intervient l’antenne guingampaise de l’entreprise Maison Grevet, ou sur celui de l’espace multifonctions du Crann, ce problème ne s’est pas encore posé. « Pour le moment, tout est fait de façon intelligente. Les compagnons laissent beaucoup d’espace entre eux », observe Denis Penarguear.

Où en sont les travaux ?

Église Saint-Gouesnou : 1 M€ de travaux en deux phases

À l’église Saint-Gouesnou, la première phase du chantier, dédiée aux travaux d’urgence sur le clocher, est toujours en cours. L’entreprise Maison Grevet, qui a repris le travail il y a dix jours, en est au rejointoiement de la flèche. Deux hommes travaillent ensemble sur le chantier, pour le moment. Une fois la phase d’urgence achevée, des travaux de conservation suivront, sur la façade, les menuiseries, la maçonnerie et les vitraux.

La fin des travaux d’urgence de l’église Saint-Gouesnou, démarrés avec la descente des cloches, mi-février, était programmée pour le courant de l’année 2021. Jérôme Lorieux reste relativement confiant : « Six semaines, sur un chantier d’un an et demi, ça ne joue pas trop. On devrait même pouvoir rattraper un peu de ce retard ».

 

Espace Pierrot-Ménez : une construction à1,7 M€

Les travaux du futur Espace Pierrot-Ménez

Au complexe sportif du Crann, l’Espace Pierrot-Ménez progresse. L’Entreprise Forest est la première à avoir repris son chantier à Gouesnou, le 20 avril. Actuellement, l’entreprise termine l’élévation sanitaire, suivie, en fin de mois, par l’élévation du rez-de-chaussée du bâtiment.

Les travaux du futur Espace Pierrot-Ménez ont débuté en juillet 2019 et devaient s’achever en septembre 2020. Mais les six semaines de retard, précédées d’une météo exécrable, auront des conséquences sur la date de livraison des travaux. En outre, Matthieu Forest s’attend à ce que la limitation du nombre d’ouvriers impacte l’avancée de la construction « On ne va pas pouvoir mettre plus de six gars sur le chantier », déplore-t-il.

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