Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Une citation attribuée à Lavoisier mais que Sébastien Kergoat, dirigeant de la TPE gouesnousienne JKS, aurait pu inventer ! Après les gobelets compostables, il a décidé de revaloriser le marc de café au rayon beauté. Explications.

Économie

Publié le mardi 20 février 2024

« Au départ, explique Sébastien Kergoat, JKS est une entreprise qui installe des machines à café dans les entreprises. Mais avec du café en grains, pour éviter les tonnes de capsules en alu, pour pouvoir m’approvisionner en local à la Brûlerie du Léon, éviter les stocks et avoir des relations de proximité. » Le ton de l’engagement est donné !

 

Une démarche environnementale qui s’intensifie suite à une demande de la présidence de l’Université de Bretagne occidentale (UBO) encouragée, dans le cadre du Grenelle de l’environnement, à accélérer les transitions sur le campus.

 

« Leur première demande portait sur la suppression des gobelets en plastique utilisés lors des réunions, explique l’entrepreneur. Mais pour moi, les remplacer par des gobelets en carton livrés dans un emballage plastique c’était une forme de greenwashing car ils contiennent également de la colle et un pelliculage qui rendent leur recyclage compliqué. J’ai alors proposé de travailler sur la valorisation du marc de café, en élargissant la collecte aux restaurants universitaires qui en produisent 3 tonnes par an. »

 

RSE & économie circulaire

 

« Une fois ce volume évalué, nous avons regardé quelle était, d’un point de vue académique, la filière qui pouvaient être mobilisée pour travailler sur ce projet. LÉcole supérieure dingénieurs en agroalimentaire de Bretagne Atlantique (ESIAB) de lUBO s’est rapidement imposée ». Trois élèves ingénieurs agronomes se saisissent du sujet et établissent la liste de ce qui peut être fait à partir du marc de café. Réponse : du tissu, des dalles acoustiques, de la culture de champignons et du savon. C’est cette option que Sébastien Kergoat retient. Soucieux de l’impact de son futur produit, il se documente et réalise que la plupart des savons liquides contiennent des microplastiques ou tensio-actifs de synthèse. « Des substances qui ont un impact sur la biodiversité, sur la croissance des poissons mais aussi sur notre santé puisque nous les ingérons. »

 

 

Une poudre exfoliante moussante, naturelle à 99,6 % 

 

Il se tourne alors vers le site de Brest de Labocéa, premier laboratoire public territorial d’analyses de France, pour être conseillé et se rapproche de l’entreprise Technature de Dirinon pour la conception du produit. Le cahier des charges est précis : un produit naturel, intégrant le marc de café dans sa composition, fabriqué sans eau pour réduire le volume.

 

Le résultat de toute cette chaine de compétences locales ? Une poudre composée à 10 % de marc de café, « le maximum pour une exfoliation douce » précise Sébastien Kergoat, qui se transforme en une douce mousse parfumée à la pivoine que vous pouvez utiliser pour les mains, le visage ou le corps. Le même usage qu’un savon sec, naturel à 99,6%, commercialisé dans un packaging en carton imaginé par un artiste finistérien, Frédéric Cosperec, à partir d’une de ses toiles. Un produit local, éco-conçu et éco-responsable, que demander de plus !

 

Maintenant que le produit existe, l’enjeu pour Sébastien Kergoat est d’augmenter le volume de collecte, de production, de ventes, notamment en travaillant avec des entreprises, des hôtels, des grands événements, mais aussi d’éveiller les consciences. Le chef d’entreprise consacre ainsi 50% de son temps au développement de sa marque et 50% à des actions de sensibilisation et d’information. « Ce qu’il faut retenir, c’est que l’on ne peut rien faire tout seul. Je suis un vendeur de café qui a travaillé avec une université, des étudiants, un laboratoire, un industriel, pour créer un produit éco-responsable issu de déchets que mon activité génère. C’est un bel exemple d’économie circulaire, d’intelligence collective. Un projet qui témoigne de ce que l’on peut faire ici, ensemble. »

 

Pour découvrir le produit, RDV à Gouesnou à L’effet Délice et à Brest, à Roi de Bretagne, Océanopolis et à la Brûlerie du Léon rue Jean-Jaurès et aux Capucins

 

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