La Ville de Gouesnou rend hommage à Samuel Paty

Divers

Publié le jeudi 22 octobre 2020

 

En cette journée d’hommage national à Samuel Paty, plusieurs jeunes du service jeunesse se sont réunis avec le maire, Stéphane Roudaut, les élus, le personnel municipal et les Gouesnousiens qui le voulaient. Ils ont observé une minute de silence, en mémoire de ce professeur d’histoire-géographie.

4 jeunes ont aussi lu la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Tour à tour, les élus ont souhaité déposer une rose blanche au pied du portrait de Samuel Paty.

Devant les gouesnousiens venus en nombre, Stéphane Roudaut, a rendu un vibrant hommage à la mémoire de l’enseignant, assassiné vendredi à Conflans-Sainte-Honorine.

Retrouvez le discours prononcé par Stéphane Roudaut, lors de l’hommage à Samuel Paty

 

« Mesdames, Messieurs,

Mes amis,

Samuel Paty.

Nous voici tous réunis pour vous rendre hommage, au pied de notre mairie, de la maison commune, de la maison de tous.

Cet édifice, dans tous les territoires de France, est symbole de notre République. À son fronton, trois mots sont gravés. Trois mots.

Trois mots qui font sens. Trois mots qui donnent corps à la République, à la France, à notre vie commune.

Trois mots d’évidence : Liberté, Egalité, Fraternité.

Ils sont l’évidence et forment notre devise, notre pacte social, ce mortier qui nous tient tous ensemble. Pour ces trois mots, nombreux sont ceux qui sont tombés parce qu’ils avaient eu l’outrecuidance ou la force d’y croire, c’est selon.

Samuel Paty.

Je ne vous connais pas. Personne ici parmi nous ne vous connaît. Pourtant, aujourd’hui, notre drapeau est en berne et nous vous pleurons. *

Chrétiens, catholiques, orthodoxes et protestants, juifs et athées, musulmans, bouddhistes, hindouistes et agnostiques, pour tous les Français attachés à la République, pour tous, pour tous les enseignants, votre assassinat à Conflans-Sainte-Honorine est révoltant, barbare et inimaginable.

Il nous a tous laissés transis d’effroi. Et, une fois l’épouvante passée, la vérité glaçante s’est présentée à nous. Triste, horrible, dénuée de sens !

Oui, Mesdames et Messieurs,

Un homme de sens, un professeur d’histoire, un homme qui transmet, qui aide et réconforte, un homme pour lequel son métier était une vocation profonde, a été condamné à mort puis exécuté. Il avait eu le courage de faire son métier et finalement d’aborder les questions de civisme et de citoyenneté.

Son métier est celui de former la jeunesse, d’éveiller les consciences et d’offrir à chaque jeune qui lui était confié les outils nécessaires à son épanouissement propre et à la naissance et à la formation d’un esprit critique.

Et, puisque le Président de la République lui rend en ce moment hommage depuis la plus ancienne faculté d’Europe, depuis la cour de la Sorbonne et sous l’œil vigilant de la statue de Victor Hugo, j’ai ces mots qui me reviennent de lui : « Les maîtres d’école sont des jardiniers en intelligence humaine. »

Ils sarclent, ils débroussaillent et ils arrosent. Samuel Paty était un jardinier en intelligence humaine. Et pour cela, pour avoir montré et expliqué une caricature, il a été assassiné. C’est cela la vérité.

Dans notre pays, pays des lumières, nous devons nous défendre à tout moment de ceux qui en veulent à notre liberté, à nos modes de vie.

Nous sommes une République laïque et pour moi cela va même plus loin. Je pense même qu’il y a un droit au blasphème et qu’il est, par définition, consubstantiel de la laïcité et de la liberté d’expression.

Liberté d’expression, liberté de conscience, liberté de la presse, liberté d’enseigner, liberté pédagogique, liberté d’entreprendre, liberté de disposer de soi-même.

C’est ça la Liberté. C’est la liberté de vivre. C’est la liberté de vivre tout simplement.

Et Samuel Paty, il n’est pas mort de Liberté, de liberté, il a été assassiné par l’enfermement et par l’ignorance. C’est cela !

À ceux qui pensent que les fleurs et les bougies ne servent à rien, qu’il vaut autant se taire, je réponds que nous ne sommes pas des hommes et des femmes de lois, que nous ne sommes pas des policiers, que nous ne sommes pas des parlementaires, je leur réponds que nous sommes des citoyens.

À ceux qui pensent que les fleurs et les rassemblements ne servent à rien, je dis que nous tous réunis ici, et partout dans ces milliers de villes de France, je réponds que nous sommes des citoyens et que nous n’avons pas d’autre arme, que celle de nos consciences, que celle de nous révolter, que celle de nous lever chaque matin et de nous battre pied à pied, avec nos mots, nos plumes et nos idées.

 

Samuel Paty. Vous entrerez dans quelques instants, portés par la garde républicaine dans la grande cour de la Sorbonne, accompagné par une chanson choisie par votre famille. One de U2… et cette chanson commence par ces paroles, de circonstances.

Is it getting better Cela va-t-il mieux

Or do you feel the same Ou ressens-tu la même chose

Will it make it easier-on you now Est-ce que ce sera plus facile pour toi

You got someone to blame Maintenant que tu as quelqu’un à blâmer

You say One love One life

When it’s one need Quand il n’y a qu’un seul besoin

In the night Dans la nuit

It’s one love C’est un seul amour

We get to share it Nous devons le partager

It leaves you baby Il te quittera bébé

If you don’t care for it Si tu n’en prends pas soin

 

À travers votre assassinat Samuel Paty, le terrorisme ne nous a pas désarmés, non. Vous ne nous quittez pas non plus vraiment.

Non, ce n’est pas vrai. Car, si nous vous pleurons, c’est que nous sommes déterminés.

Relevons-nous, parce que vous, nous, nous tous, sommes attaqués. Mais nous ne céderons pas, ni nous, ni nos enfants, ni après, jamais !

La France c’est la conscience et c’est Liberté.

Samuel Paty, c’était votre combat,

c’est aujourd’hui,

c’est à cette heure,

plus que jamais le nôtre. »

 

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