Codirigeant du réseau Le Saint (environ 600 M€ de chiffre d’affaires en 2020), Gérard Le Saint, 59 ans, habitant de Gouesnou depuis 1994, est aussi un homme de sport, en haut de l’organigramme du Brest Bretagne Handball et du Stade Brestois. Rencontre avec un travailleur passionné, fier de son ancrage nord-finistérien.

Économie

Publié le vendredi 16 avril 2021

 

Gérard Le Saint, vous êtes une figure gouesnousienne incontournable… Quelles sont vos grandes dates ?

Je suis dans le groupe Le Saint depuis 35 ans – j’en ai 59. Il y a 2 000 salariés dans le réseau, répartis dans 30 entreprises du grand ouest. Avec mon frère Denis, on est à la direction du Stade Brestois pour la cinquième année et on est au Brest Bretagne Handball (BBH) depuis 2012.
Et j’habite Gouesnou depuis 1994. Avant ça, je louais un appartement à Brest. Mais on est originaires de Bourg-Blanc.

Il y a donc un vrai enracinement dans le nord de Brest…

Un jour, un gars m’a dit : « Vous n’avez jamais pensé mettre le siège de votre entreprise sur Rennes ? ». Je lui ai dit : « Qu’est-ce que j’irais faire à Rennes ? ». On est toujours pour le local, nous.

Et vos salariés ?

C’est pareil ! Je constate cet état d’esprit chez les jeunes qu’on embauche. Ils sont d’accord pour faire un an ou deux à l’extérieur, sur nos sites déportés, et au bout de deux ans, ils veulent tous revenir. On m’a toujours dit que les jeunes aimaient bien bouger. J’y ai cru, au début. Mais ça ne dure pas longtemps.

C’est une fierté ?

On est fiers de nos origines. Quand on va à des réunions à Paris, les autres nous appellent « les Bretons ». Eh bien, les Bretons, ils ont un peu plus d’idées que les autres. Et dans toutes les manifestations, il y a toujours un drapeau breton qui pointe.

Comment est-on perçu, en tant que Breton, en dehors de la Bretagne ?

On travaille bien, on est sérieux : on a une bonne image à l’extérieur. Notre mentalité, nos compétences, le fait qu’on ne triche pas… Quand on a dit quelque chose, on le fait.

C’est ce que vous mettez en avant quand vous approchez un joueur pour qu’il rejoigne le Stade Brestois ou le BBH ? L’esprit de sérieux ? La qualité de vie ?

Il y a un peu de tout. On parle d’un club bon enfant, familial, où ils ne vont pas être stressés. Il y a de bonnes conditions d’entraînement, un public qui suit, de la ferveur. Bon, le Covid a un peu perturbé ça…

Justement, qu’avez-vous pensé de la limitation à 5 000 personnes dans les enceintes sportives depuis la reprise des championnats, avant le reconfinement ?

On a perdu 500 000 € en billetterie, rien qu’entre Lorient (le 20 septembre) et Marseille (le 30 août). Heureusement qu’on a un peu de droits télé cette année, parce que sinon…

Parlons de votre projet « Supporter militant ». En quoi cela consiste-t-il ?

On a toujours été présents dans le soutien aux associations sportives. L’idée, c’est que si on peut leur donner un coup de main pour trouver des ressources supplémentaires via d’autres plateformes, ce n’est pas mal. Et par les temps qui courent, les assos sont dans le dur et ne peuvent pas faire de manifestations pour récupérer de l’argent. Aujourd’hui, tout ce que l’on peut faire pour dynamiser le tissu associatif, il faut le faire. On ne peut miser que sur la solidarité entre territoires. On est au bout du monde, hein.

Cela fait un an et demi que le projet a été lancé. Quels sont les premiers enseignements que vous en tirez ?

On a encore du mal à trouver la bonne formule. Pour l’instant, on n’y est pas, mais on ne lâche pas le morceau.
On cherche une formule simple.

Le plus dur, c’est de dire aux consommateurs d’aller
acheter sur la plateforme ?

Oui. Là, on va essayer de mettre en place une formule de cashback, où la personne qui va payer avec sa carte bancaire n’aura plus rien à faire. Dès que le commerçant partenaire est identifié, un pourcentage est d’office mis de côté, via la banque. Il faut que ce soit automatique.

Vous parliez du besoin de solidarité envers les associations sportives. Est-ce que c’est aussi compliqué pour les clubs pros comme le BBH et le Stade Brestois ?

Au Stade Brestois, on a la chance d’avoir une enveloppe de droits télé supérieure cette année, donc ça devrait le faire. Au BBH, c’est plus compliqué. On a moins de sponsoring, moins d’entrées. Pour le premier match de Coupe d’Europe, cette saison, on a fait 1 900 spectateurs. Les gens ne viennent pas, ils ont peur. (*)

Quelle est votre vision du rôle de président ? Vos prédécesseurs au Stade Brestois, par exemple, se faisaient plus visibles que vous.

Il faut travailler dans l’ombre. Denis, mon frangin, vous le dira : s’il n’y a rien de spécial à dire, on ne dira rien. Il y a, certes, une dimension médiatique, mais c’est une entreprise comme une autre. Il y a des salariés, des clients…
On fait les choses avec passion, sinon on ne les ferait pas. On ne va pas gagner d’argent avec le foot et le hand. Le jour où les emmerdes seront supérieures au plaisir, il vaudra mieux qu’on arrête.

Tout autre chose, à présent. Vous habitez à Gouesnou depuis 1994, vous avez dû voir évoluer la commune. Que pensez-vous de cette évolution ?

La commune est dynamique, à l’image de Stéphane Roudaut, son maire. Toujours plein d’idées, plein de projets, et au soutien des commerçants locaux.

Justement, comment votre entreprise, Le Saint, a supporté le premier confinement ?

On fait tout ce qui se mange en produits frais : de la viande, de la marée, des fruits, du fromage et même du pain ! Forcément, on a souffert du premier confinement pour la partie restauration, commerciale et collective.
On a résisté grâce aux grandes et moyennes surfaces, puisqu’on est à 50-50 entre les grandes surfaces et la restauration. Ça nous a permis de limiter la casse. En 2020, notre chiffre d’affaires s’élève à environ 600 M€.

Vous reste-t-il du temps pour vos loisirs ?

Oui, pour aller au foot et au hand. Deux matchs de foot et deux matchs de hand par mois, c’est déjà pas mal. Et encore, mon frangin Denis va au foot à Bourg-Blanc en plus. À un moment, je faisais du ping-pong à Gouesnou, mais j’ai arrêté : plus le temps !

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