Nous initions une série d’interviews de personnalités publiques qui ont, un jour, habité Gouesnou. L’administrateur du Panthéon, David Madec, pas avare en anecdotes, est le premier d’entre eux.

Divers

Publié le mardi 7 juillet 2020

 

David Madec, 42 ans, est l’administrateur du Panthéon depuis juillet 2017. Un poste prestigieux. Pourtant, quand nous l’avons contacté pour cette interview, il s’est dit « très fier » d’apparaître dans Gouesnou Le Mag #42. Rencontre avec un Gouesnousien amoureux de culture et de patrimoine.

 

Que signifie être administrateur du Panthéon ?

David Madec : L’administrateur du Panthéon a plusieurs rôles : gérer 40 agents, ouvrir le monument, l’animer, le faire vivre, qu’il prenne sens. Et la partie culturelle est essentielle pour faire vivre le Panthéon. Ce monument a une vie citoyenne et républicaine, bien sûr. Mais aussi une vie culturelle. Ma mission, c’est de faire venir le public. Le message, c’est que tout le monde est bienvenu au Panthéon.

 

Y a-t-il des prérequis pour exercer ce poste ?

D. M. : Il y a un élément important : au Panthéon, on ne sera jamais l’égal des gens qui nous entourent. Il faut de l’humilité. Certains collègues ne veulent pas le faire. Ils estiment qu’il vaut mieux être un châtelain qu’un serviteur de la Nation. (Rires.)

 

Comment est né votre amour pour la culture et le patrimoine ?

D. M. : Ça fait longtemps que la culture et le patrimoine me trottent dans la tête. Par exemple, je connais à peu près par cœur l’église de Gouesnou, à force d’y être allé et de l’avoir fait visiter, puisque j’ai travaillé pour la Maison du patrimoine.

 

Vous avez grandi à Gouesnou. Que reste-t-il de ces années ?

D. M. : J’ai habité Gouesnou de mes 5 ans jusqu’à mes 24 ans. Pour moi, Gouesnou, c’est le foyer, là où habite encore toute une partie de ma famille, qui lit Gouesnou Le Mag, d’où ma fierté d’y apparaître. J’ai le souvenir d’une vie citadine, dans le bourg, et en même temps à la campagne. Dans ma jeunesse, je voyais Gouesnou comme une commune familiale, où régnait une grande liberté. Enfant, j’allais jouer dans une cabane dans les champs, derrière chez mes parents. C’était assez génial. J’ai le sentiment d’une ville avec plein de points de repère solides.

 

Quel est votre endroit préféré à Gouesnou ?

D. M. : Hmm… Je dirais la fontaine Saint-Gouesnou. (Il hésite.) Ou plutôt le petit lavoir à Penhoat, derrière chez ma grand-mère. Je reste attaché à la ville, à son église, à son patrimoine.

 

De la même manière, vous devez bien avoir un lieu, un symbole auquel vous êtes particulièrement attaché au Panthéon.

D. M. : Ce que l’on appelle les grands bronzes, à savoir les portes sur la façade. Ils ne sont ouverts que pour le président de la République et les entrées au Panthéon. La dernière fois, c’était pour l’entrée de Simone Veil, le 1er juillet 2018. La République prend corps à cet endroit, lors d’un moment solennel. Ça me donne des frissons. Ces portes sont le symbole incarné de la République, des objets émouvants, magiques. D’ailleurs, on les voit s’ouvrir et le Président rentrer… mais il y a en réalité deux agents derrière. (Rires.)

 

Pouvez-vous nous raconter les « coulisses » de l’entrée au Panthéon de Simone et Antoine Veil ? Comment vous êtes-vous coordonné avec l’Élysée pour l’organisation de la cérémonie ?

D. M. : L’entrée de Simone Veil au Panthéon est pour tous ce grand moment de reconnaissance par la République du rôle et des engagements essentiels de cette femme. Pour moi, c’est aussi une multitude de détails discutés, décidés par les services du président de la République et pour lesquels il faut trouver des solutions.

 

Quel est votre parcours ?

D. M. : J’ai fait une longue partie de mes études à Brest, jusqu’à mon DEA d’Histoire. Puis j’ai fait un DESS Gestion du patrimoine – culturel, pas financier (Rires.) – à l’Université Panthéon Sorbonne. Ensuite, j’ai directement travaillé au château d’Écouen (Val-d’Oise), qui abrite le musée national de la Renaissance. Puis je suis passé par le ministère de la Culture, le musée du Louvre, Christie’s et la Cité de l’architecture et du patrimoine, avant d’arriver au Centre des monuments nationaux, en tant qu’administrateur du château de Maisons et de la villa Savoye, puis du Panthéon. Avec ce poste, j’ai franchi un palier. Avant, je n’étais « que » directeur de service.

 

Votre poste actuel était-il un objectif ?

D. M. : Je ne l’ai pas tout à fait choisi. Il fallait surtout être là au bon moment. Je me suis lancé le défi de faire quelque chose « qui n’est pas envisageable ». Je ne me sentais pas la fibre enseignante et j’avais peur de m’ennuyer. Là, on fait tous les jours des découvertes. On est témoins de la vie des hommes.

 

En près de trois ans d’administration du Panthéon, quelle est votre plus belle anecdote et, au contraire, votre pire souvenir en lien avec ce monument ?

D. M. : Mon meilleur souvenir, c’est une anecdote reprise dans le dernier livre de Christophe Barbier ; c’est le moment où j’accompagne le président de la République pour lancer le pendule de Foucauld lors de l’une de ses visites.

Le pire souvenir est sans conteste l’occupation du monument par 400 « gilets noirs », le 12 juillet 2019. Ils revendiquaient un rendez-vous avec le Premier ministre pour des sans-papiers. Il était douloureux de priver les visiteurs du monument et le règlement d’un tel moment – même si tout s’est bien déroulé – est toujours plein de tensions.

 

Vous travaillez à Paris, mais vous êtes engagé sur une liste aux municipales de Mirepoix-sur-Tarn, en Haute-Garonne. Pourquoi ce choix ?

D. M. : Tout d’abord, mon engagement politique est citoyen. C’est la vie de la commune qui m’intéresse. Mirepoix-sur-Tarn, c’est là où je vis maintenant, avec mon compagnon, quand je ne suis pas à Paris. Mon couple s’est installé en Haute-Garonne quand mon compagnon a été muté en poste à l’Université de Toulouse. La campagne y est très agréable. Plus agréable que la vie parisienne.

Mais je garde un lien très direct avec Gouesnou. La vie là-bas me manque aussi. Il y a, à Gouesnou, de la sérénité et un rythme de vie agréable. Par moments, j’ai très envie de rentrer dans le cocon familial. Il me tarde de retrouver la plage, par exemple. J’essaie toujours de rentrer pour les fêtes de fin d’année et au début du printemps.

 

Cet attachement à Gouesnou remonte à plus loin que votre naissance ?

D. M. : En étudiant mon arbre généalogique, je me suis rendu compte qu’une branche de ma famille habitait déjà à Gouesnou, au même endroit que mes grands-parents, un peu avant la Révolution française.

 

Comment jugez-vous le développement de Gouesnou ?

D. M. : Mon père habite toujours à Gouesnou. Je reviens très régulièrement, avec le plaisir de découvrir ce qui a changé, si mon père ne m’en a pas déjà parlé. C’est totalement égoïste, on veut que ça ne bouge pas, mais on est content que ça évolue. À chaque fois que je reviens, j’ai la crainte de ne plus retrouver les vieilles maisons, que Gouesnou se soit trop agrandi et soit devenu une banlieue. Heureusement, il y a encore l’esprit village. La place des Fusillés a bien changé ; elle est plus vivante. Avant, c’était juste un parking, avec un terrain atroce pour jouer aux boules.

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