Le Président et fondateur du Groupe va rassembler ses activités en un seul lieu, dans la zone de Kergaradec, à Gouesnou.

Économie

Publié le lundi 14 décembre 2020

 

Il se dit « Breton d’origine ou d’origine bretonne, Breton pur beurre en tout cas », et son parcours professionnel tend à le démontrer. Jean-Christophe Cagnard, 59 ans, est le président (et fondateur) du Groupe Asten depuis 1995. Ce poids lourd de l’informatique – 12,5 M€ de chiffre d’affaires – est installé au Relecq-Kerhuon mais, croissance oblige, va rassembler ses activités en un seul lieu : le 26, rue Gaston-Planté, un local de 1 600 m² au cœur de la zone de Kergaradec, à Gouesnou. Déménagement prévu en fin d’année 2020.

 

La stratégie du regroupement, à Gouesnou, des activités du Groupe Asten, poids lourd du secteur numérique, est assez simple, à en croire Jean-Christophe Cagnard, son président et fondateur. « Je regroupe mes activités pour que, dans la vision client, il y ait une sorte de guichet unique. Finalement, un client, qu’il soit client Cloud, Retail ou Lab, est avant tout un client Asten. »

Le groupe quittera donc, à la fin de l’année, le siège historique du Relecq-Kerhuon. Et ainsi, les équipes des différentes filiales, réunies à Gouesnou, pourront échanger entre elles et s’approprier l’ensemble des clients Asten. « Que le siège et les pôles soient au même endroit, ça permet aux équipes de se dire : « On est tous dans Asten » », poursuit Jean-Christophe Cagnard.

« Tous », cela représente 110 personnes, dont environ la moitié (les salariés d’Asten Retail et Asten Lab) doit migrer à Gouesnou d’ici la fin de l’année. L’autre moitié (ceux d’Asten Cloud) y est déjà. Car le savoir-faire du Groupe Asten est organisé en trois pôles de compétences : Asten Cloud, qui propose des solutions d’hébergement, d’infogérance et de cybersécurité ; Asten Lab, spécialisé dans la Big Data, le développement d’applications web et mobiles et l’intégration de progiciels de gestion intégrés ; Asten Retail, qui fait de l’édition et de l’intégration de solutions d’encaissement.

 

Un ancrage breton qui « se voit de partout »

Quand on prend un peu de recul, passer du sud au nord de Brest ne fait pas grande différence. Il reste cet attachement au territoire. Dans l’entreprise de Jean-Christophe Cagnard, nombreux sont les signes d’une identité bretonne revendiquée. « Ça se voit de partout. D’abord sur mes propres engagements, puisque j’ai un mandat de chargé des équipements auprès de la Chambre de commerce : je pense qu’il faut redonner aux territoires un peu de la belle énergie et des belles idées qu’on peut avoir. »

Et le dirigeant de prendre les deux datacenters d’Asten, montés en pleine propriété, pour exemples. « Ce sont des éléments d’équipement du territoire. Je pense que toutes les métropoles ont besoin de ce type d’équipements pour assurer leur développement. »

La raison de ce raisonnement propre à notre bout du monde ? « Ça vient de ce côté insulaire : on sait qu’on ne nous apportera rien, on sait que personne d’extérieur à la Bretagne ne passera par Brest, Quimper, Morlaix… Donc on sait qu’on a de la valeur ajoutée à créer si on veut s’en sortir. »

Cela se voit également à l’appartenance, dès les débuts du Groupe Asten, à Produit en Bretagne. Une démarche qui a du sens : « Cela permet de se dire qu’on arrive à travailler ensemble, et de manière préférentielle ». Le chantier de remise aux normes des locaux gouesnousiens d’Asten, par exemple, est assuré à 100 % par des entreprises finistériennes.

L’amour du territoire se retrouve encore dans les loisirs du dirigeant, qui aime sillonner la Bretagne des petites routes au guidon de sa moto. « La moto permet de découvrir les ribinoù, de découvrir des odeurs qu’on n’a pas en voiture. Et, contrairement à la voiture, qui est un moyen de déplacement d’un lieu à un autre, la moto, même si vous allez quelque part, vous permet de voir les chemins de traverse. C’est intéressant, même pour le business. » Très actif, l’homme de 59 ans fait aussi du bateau et de la plongée. Aucun aspect du territoire ne semble devoir lui échapper.

 

Un parcours tourné vers l’ouest

Il faut dire que Jean-Christophe Cagnard a toujours travaillé au contact de sa Bretagne chérie. Ou, du moins, à proximité. À la fin de ses études (c’était en 1984), il est directement entré dans le numérique. Pas un gros marché, à l’époque. « Je n’en suis jamais ressorti », constate-t-il toutefois, un peu décontenancé – « je n’ai pas l’habitude de parler de moi ». Il ne passe qu’un an dans sa première entreprise, avant de rejoindre Thomson Logiciels, « à un moment où les SS2I (sociétés de services en ingénierie informatique) n’étaient que parisiennes. Il n’y avait pas un bonhomme qui faisait du logiciel en région. »

Et là, ces grandes SS2I se disent qu’il ne serait peut-être pas idiot de se rapprocher de leurs clients si elles voulaient se développer. Jean-Christophe Cagnard est alors recruté pour développer la plaque ouest de Thomson Logiciels, à Nantes. « Mais il n’y avait rien. On était avec les Pages jaunes, dans un hôtel, à trois. Et il y avait le Minitel, mais c’était déjà un peu lent. » Après Nantes, la triangulation est poussée jusqu’à Rennes, puis Brest.

La deuxième partie de la carrière du désormais directeur général du Groupe Asten se déroule au sein du groupe Alcatel, au début des années 1990, avec les mêmes missions que précédemment. « J’ai développé la région ouest d’Alcatel, qui allait jusqu’à… Lille. Une belle région, quoi. » Et comme le Breton pur beurre ne s’en sort visiblement pas trop mal, il est promu directeur général de la filiale Alcatel Answare. « Et donc je suis allé en région ouest… parisienne, cette fois, à Massy-Palaiseau (Essonne). » Avec une petite anecdote : « Trois jours à Massy, et j’avais déjà la moitié des Bretons de Massy qui m’appelaient ».

Jean-Christophe Cagnard passe près d’une demi-douzaine d’années à Alcatel, « un brillant groupe, champion du monde sur trois métiers : l’énergie, le ferroviaire et les télécoms. Réussir à détruire ce groupe-là*, il fallait le faire ! ». Son objectif, en tant que DG d’Alcatel Answare, était de renforcer les implantations locales sur différentes plaques, en rachetant des entreprises. « Mais mon caractère ne s’est plus adapté à celui de Serge Tchuruk (PDG d’Alcatel de 1995 à 2008). »

 

De l’investissement et des embauches

« Alors, plutôt que de racheter un entreprise pour le groupe, j’ai préféré monter la mienne, Asten, en 1995, sur un embryon déjà existant. » Le développement du groupe se fait donc à partir du Relecq-Kerhuon. Jusqu’à ce regroupement à Gouesnou, prévu en fin d’année 2020. « C’est une opportunité, puisque nous avions déjà en location ce premier niveau, avec parking un peu plus bas, et qu’une tranche s’est libérée. Alors que le site du Relecq était trop petit et étiqueté « siège ». » Les locaux relecquois du 21, rue Robert-Schuman, d’une superficie de 550 m², sont désormais à vendre.

Mais ce grand mouvement en direction du nord de la métropole brestoise ne s’est pas fait en un claquement de doigts. « On a investi 450 000 € dans des travaux de mise aux normes du bâtiment », explique Jean-Christophe Cagnard. L’opération coûte à Asten deux millions d’euros d’investissement, « pour accompagner nos clients actuels et lancer, en début d’année prochaine, nos nouvelles offres ».

Le directeur général détaille : « On va renforcer toute la partie télécoms, on va renforcer orchestration, c’est-à-dire la possibilité d’entrer sur les systèmes d’information. Et puis on va renforcer aussi la partie fibre. » Des projets rendus possibles par une crise du coronavirus qui n’a pas impacté Asten, et qui aurait même plutôt renforcé son image. Les clients d’Asten, confrontés pour certains à des problèmes de sécurité informatique avec l’instauration du télétravail, ont été rassurés par le sens de l’anticipation et de l’accompagnement dont a su faire preuve le groupe présidé par Jean-Christophe Cagnard.

Ce dernier est confiant pour la suite, et satisfait de s’implanter à Kergaradec. « La zone est très dynamique, très dense, il y a plein de belles enseignes. Et on est très proches des voies d’accès au sud comme au nord, et ça m’intéresse puisque je suis tout le temps obligé de me projeter. Ce n’est pas très loin non plus de l’aéroport. » Au-delà de ces considérations pratiques, le président d’Asten perçoit Gouesnou comme « une ville qui vit, qui a sa propre identité tout en étant intégrée à Brest Métropole ». Et l’arrivée du siège et des équipes du groupes devrait contribuer au rayonnement de Gouesnou.

Car le nombre de salariés d’Asten, actuellement à 110, n’est pas figé. « Le choix du site de Gouesnou est aussi guidé par un besoin de réserve en mètres carrés pour la croissance, parce qu’il y a eu une progression de 25 % du chiffre d’affaires en 2019 (soit 12,5 M€ de CA) et qu’on a besoin de recruter. » Le chiffre d’une trentaine d’embauches dans les trois ans est avancé.

 

(*) Alcatel-Lucent est passé sous pavillon Nokia en 2016 et a connu une grosse dizaine de plans de suppression d’emplois en dix ans.

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