La crise n’est pas totalement derrière nous, mais le plus dur est passé. De mi-mars à mi-mai, les Gouesnousiens ont fait preuve d’une solidarité et d’un dévouement qui feront date. L’action municipale et la volonté bénévole ont fait des merveilles face à l’épreuve du coronavirus. Personne n’a été oublié en chemin. Reste, maintenant, à soutenir ceux qui ont souffert de l’impact économique du virus.

Solidarité

Publié le lundi 6 juillet 2020

 

« Il est urgent d’attendre. » Au cours de la crise sanitaire, les agents et élus municipaux ont pu entendre cette phrase à maintes reprises dans la bouche du maire de Gouesnou, Stéphane Roudaut. En effet, la situation, sans cesse mouvante, n’a jamais vraiment incité à prendre des décisions à la va-vite.

Ainsi, l’opération de confection et de distribution de masques en tissu ne s’est pas décidée en un claquement de doigts. « La règle qui a prévalu, c’est celle de l’opportunité », affirme l’élu. C’est parce que de nombreuses couturières se sont proposées de confectionner des masques que 12 000 unités ont été produites. De manière artisanale, certes, mais en respectant le modèle du patron de l’Afnor (Association française de normalisation).

Toutes les orientations qui ont pu être prises, durant plus de deux mois, l’ont été durant l’une des 47 réunions de la cellule de crise, en mairie, et au gré des annonces gouvernementales. Les représentants des différents services municipaux y ont participé, et leur expertise, comme les remontées de terrain, ont été précieuses pour affiner les dispositifs déjà en place.

Des bénévoles attentionnés, rassurants et patients

Durant cette crise, l’une des clés de l’action municipale aura été l’engagement des bénévoles. Appels téléphoniques dans le cadre de la veille solidaire, livraison de courses à domicile, confection et conditionnement de masques en tissu… Toujours sous la houlette des agents de la mairie, qui coordonnent l’action.

Isabelle Cheval, 57 ans, est engagée dans la vie associative depuis son départ à la retraite, il y a huit ans, notamment en tant que bénévole pour le don du sang de la commune. Au sein de la réserve citoyenne Gouesnou volontariat, elle a vécu deux mois intenses. « C’était un engagement spontané. J’ai senti que ma place était là », confie-t-elle.

Parler aux personnes isolées ou vulnérables a été, pour Isabelle, « une super expérience ». « Ça a permis aux personnes âgées de rompre la solitude. Quand on entendait le ton de leur voix, en fin d’appel, on ressentait que ces personnes avaient passé un moment de réconfort. » Attentionnés, rassurants et patients : ces bénévoles ont décidément bien des talents.

Au téléphone, la recherche de pragmatisme était vaine. Surtout quand Jean Richard, 87 ans, se trouvait à l’autre bout du fil, paraît-il. « Il m’expliquait être atteint d’une maladie chronique : la logorrhée. Et effectivement, il nous arrivait de passer une demi-heure au téléphone avec lui », rigole-t-elle. Il n’a pas été le seul.

Emmanuel Mével en sait quelque chose. Lui a fait de l’appel téléphonique et de la livraison de colis alimentaires. Une démarche « totalement désintéressée » de sa part. « Je voulais aider, me sentir utile. C’était comme un devoir. » Il a profité d’un agenda déchargé pour s’engager.

Mise en sachets, par les bénévoles, des masques et notice d’utilisation avant les six distributions organisées pour les Gouesnousiens.

 

Les bienfaits du lien social

Du temps, il fallait en avoir. Avant de pouvoir livrer les courses, il fallait passer par de nombreuses étapes. Appeler les bénéficiaires, taper leurs listes de courses et les transmettre au supermarché, pour un retrait et une livraison des commandes le lendemain. « Une tournée de livraison de colis alimentaires, c’était entre huit et douze bénéficiaires par jour. Alors, forcément, on avait moins le temps de rester discuter que quand on était au téléphone. Mais, pour certaines personnes qui en avaient vraiment besoin, on prenait un peu plus de temps. »

Cette période a agi sur Emmanuel comme une machine à remonter le temps. « Cela m’a fait repenser à mon ancien métier d’infirmier libéral, et c’était il y a dix ans. J’ai retrouvé ce contact avec les gens, le plaisir de leur apporter du bien-être. » Les gens en question ont apprécié. « Ça fait du bien de parler et de voir du monde », confie ainsi Josette Keromnès, 80 ans, arrivée de Gouesnou en 2017 en provenance de Saint-Divy.

Elle vit seule, mais ses deux enfants ne vivent pas très loin. « Je n’étais pas rassurée à l’idée de faire les courses moi-même. Alors j’ai profité de cette livraison de courses. D’ailleurs, j’ai toujours un peu d’appréhension. Je n’ai pas mis un pied dans un commerce pendant trois mois ; j’y suis retourné à la deuxième semaine de juin seulement. »

Pour autant, les courses n’étaient pas sa principale préoccupation. « Ce qui me pèse, moi, c’est la solitude. Je suis inscrite à plusieurs activités – danse, gymnastique douce, cinéma – et ça ne reprendra pas avant septembre. Confinement, déconfinement : rien ne change… C’est pour cela que recevoir un petit coup de téléphone, ça fait du bien. »

Aujourd’hui, Josette recommence ses promenades. Elle a gardé contact avec Isabelle Cheval – « aussi bavarde que moi » –, et est même allée avec elle au lac de la Comiren, à Saint-Renan. Ou comment des « rencontres virtuelles » peuvent aller plus loin. « Vendredi (12 juin, NDLR), je suis invitée à manger, avec mon mari, chez un autre bénéficiaire. », précise Isabelle Cheval, bénévole. Bien sûr, à chaque rencontre, la distanciation physique et les gestes barrières seront appliqués à la lettre.

 

Soutien à la vie économique et culturelle

Le soutien aux plus vulnérables était un enjeu majeur de la gestion de la crise. Mais il a fallu agir pour l’ensemble de la population. C’est à ce titre qu’un appel aux dons de matériel a été lancé en faveur du CHU, au début de la crise ; à ce titre, aussi, que des chèques alimentaires ont été distribués à certaines familles, sur critères sociaux ; à ce titre, encore, que de nombreux groupes de travail ont été créés, tels le comité de pilotage santé, animé par le maire et composé des professionnels de santé de la commune, ou la cellule de suivi économique des entreprises, dans laquelle siègent des experts (avocats, experts-comptables, etc.).

D’ailleurs, la Ville n’a pas hésité à prendre des mesures fortes pour la vie économique et culturelle. Sur le plan de soutien aux entreprises, elle a décidé de ne percevoir ni loyer ni droit de place commerciaux pendant la crise ; de mettre en place un dispositif de paiement accéléré des travaux et des prestations ; de ne demander aucune pénalité de retard aux fournisseurs et entreprises intervenant sur les marchés de fournitures, de prestation et de travaux de la collectivité.

Sur le plan du soutien aux acteurs culturels, la Ville de Gouesnou a décidé de verser les cachets des spectacles annulés et reportés aux artistes, interprètes et techniciens ; de travailler à une programmation additionnelle de spectacles et interventions culturelles afin de relancer la « trésorerie » des compagnies ; d’amplifier l’accueil de résidences d’artistes à l’été et à l’automne ; de débloquer une aide à la coproduction ; de proposer aux artistes locaux des actions, interventions et médiations culturelles complémentaires.

 

L’action dans la proximité

Les maîtres-mots de la gestion de la crise, à Gouesnou, ont été mobilisation, solidarité et anticipation. Ce sont d’ailleurs les principaux concernés qui en parlent le mieux. « Vous savez, les personnes âgées chez qui l’on se rend sont très contentes de la municipalité. Il y a de la fierté que leur ville ait pris les devants », rapporte Muriel Marchal, infirmière libérale à Gouesnou. Josette Keromnès abonde : « Ça bouge à Gouesnou ! ». Une commune vivante, c’est bien ce dont auront besoin ceux qui ont souffert de la crise, dans les prochains mois.

 

La gestion de la crise à Gouesnou en chiffres

À Gouesnou, cette gestion de la crise, c’est notamment :

  • 6 distributions de masques en tissu ;
  • 120 couturières bénévoles ;
  • 24 000 masques destinés, à terme, aux Gouesnousiens, dont la moitié confectionnés par les bénévoles ;
  • 50 bénévoles à Gouesnou volontariat en roulement ;
  • 1 500 appels dans le cadre de la veille solidaire, auprès de 385 foyers identifiés ;
  • 284 livraisons de courses, soit environ 2,7 tonnes de denrées alimentaires livrées à domicile ;
  • 58 familles concernées par l’aide alimentaire via la distribution de chèques, soit 93 enfants…

 

 

Médecins et infirmières sur le pont !

Les professionnels de santé font régulièrement face aux épidémies. Mais la crise du coronavirus est exceptionnelle : elle a enfermé les gens chez eux. « Ce qui a le plus changé, c’est le port systématique du masque. Au début, j’avais des maux de tête terribles », se souvient Chloé Lagadec, infirmière libérale à Gouesnou. Ce masque a fait disparaître les sourires… et la convivialité. « Il n’est plus possible de boire le café après la visite », rappelle sa collègue, Angélique Julard. Les patients ne leur en tiennent pas rigueur. Pendant le confinement, les infirmières étaient leur seule visite. « Ça fait quelque chose de voir quelqu’un qui vous sourit. Vous avez l’impression d’être quelqu’un d’important pour eux », apprécie Sylvia Galoger.

Habituellement peu en contact direct, les cabinets d’infirmiers et de médecine de la ville ont multiplié les échanges afin d’alerter sur des cas suspects ou de définir les besoins matériels. Le comité de pilotage santé, animé par la mairie, poursuit le même but. Les choses changent… et pourraient bien demeurer. « On se remet en question sur nos comportements d’avant », concède Chloé Lagadec. « Avant, porter le masque entraînait des regards suspicieux. Maintenant, ça va peut-être rentrer dans les mœurs », espère Angélique Julard.

Le Dr Pierre-Yves Morvan va plus loin. « Sans vivre dans une bulle, est-ce qu’on ne devrait pas adopter les mesures de protection actuelles pour les virus et épidémies à venir ? Plus on est dans la prévention, moins on est dans la contamination. »

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