Histoire. Article rédigé par l'association les Amis du patrimoine

Culture et Loisirs,  Divers

Publié le mercredi 28 juillet 2021

 

Le 31 janvier 1795, Matthieu de Bergevin quitte la prison de Saint-Maurice à Rochefort après 15 mois de détention. Rien ne laisse penser que, 31 ans plus tard, il deviendra le maire de Gouesnou. À ce moment, il pense simplement qu’il est bien heureux d’avoir évité la guillotine. Il a eu plus de chance que son frère Pierre-Marie exécuté place du château à Brest avec 25 autres administrateurs du Finistère, le 22 mai 1794.

Alors que Matthieu commandait la corvette La Vigilante, bâtiment chargé de l’escorte des convois de Brest à Bordeaux, il fut dénoncé par le commandant de la corvette Fille Unique, bâtiment stationnaire de la Gironde. Ce dernier déclara que Bergevin avait favorisé « l’évasion des conspirateurs Guadet, Pétion, Wimphen et autres. »
Sans même vérifier, la Convention donna l’ordre d’arrêter notre futur maire. Ce qui fut fait, en pleine mer, le 31 octobre 1793. L’affaire était grave. Guadet, Pétion et ses confrères avaient été mis hors la Loi le 2 juin 1793. Ces députés Girondins, anciens proches de Robespierre pour la plupart, avaient eu le tort de désapprouver le « virage sanguinaire » de la Terreur. La Convention cherchait par tous les moyens à les arrêter pour les guillotiner. Il s’avéra en fait que Matthieu était innocent des faits qui lui étaient reprochés. En effet, Charles Belval, commissaire de Marine, arrêté quelques mois après Matthieu, comme Fédéraliste, l’avait mis hors de cause dans une lettre adressée au tribunal révolutionnaire de Brest. Il avouait qu’il avait lui-même permis aux conspirateurs d’embarquer en rade de Brest sur l’un des bâtiments de queue de convoi de Bergevin.

Le Comité de salut public mettra des mois à reconnaître son erreur et à libérer Matthieu. Sans rancune, il continuera à servir la Marine du Directoire, du Consulat puis de l’Empire. Même s’il ne fut jamais au centre de grands faits d’armes, il servira plus qu’honorablement en commandant successivement divers vaisseaux lors de l’expédition d’Irlande en 1798, également dans l’escadre de l’amiral Bruix en 1799 ou encore dans l’expédition malheureuse de reconquête de Saint-Domingue sous les ordres de l’amiral Villaret-Joyeuse (1801-1802).

 

Résumé breton : Eus karc’harioù Rochefort… Betek ti-kêr Gouesnou

D’an 31 a viz Genver 1795 e kuitaas Matthieu de Bergevin ar prizon Sant Maurice, e Rochefort, goude bezañ bet bac’het 15 miz ennañ. Pa oa Matthieu e penn ar gorvetenn « La Vigilante », ur vatimant karget da amheuliañ strolladoù bagoù etre Brest ha Bourdel, e voe diskuliet gant komandant ar gorventenn « Fille Unique », ur vatimant diflach eus ar Jirond. Hennezh a ziskêrias e oa bet sikouret « tec’hadenn an iriennerien « Guadet, Pétion, Wimphen ha re all » gant Bergevin. Hep gwiriañ ar pezh en doa lavaret zoken, ar Goñvañsion a roas urzh da herzel hor maer da zont. Lakaet e voe Guadet, Pétion hag e genvreudeur e-maez lezenn e 1793. Ar gannaded jirondin-se a oa bet en o gaou p’o doa kavet fall « tuadur gwadsec’hedik » ar Spont meur. Klask a rae ar Goñvañsion herzel anezho ne vern dre be hent evit dibennañ anezho. Digablus a oa Matthieu diouzh ar fedoù a oa tamallet dezhañ. Charles Belval, komiser er Morlu, harzet un nebeud mizioù goude Matthieu, evel Kevreadelour, en doa skrivet ne oa ket abeg en hennezh en ul lizher kaset da lez-varn an Dispac’h e Brest.
Poellgor ar Salud publik a lakaas mizioù da anavezout e oa faziet ha da zigarc’hariañ Matthieu. Kenderc’hel a reas, kuit a zroug, da servijout Morlu ar C’huzul-ren, ar Goñsuliezh hag an Impalaeriezh goude. Kaset e voe e retred dre ret e 1817 ha savet e voe d’ar rez Amiral a enor bloaz diwezhatoc’h. E 1826, da vare Charlez X, e voe anvet da vaer Gouenoù dindan banniel an « dreistroueelourien ».

Lexique

  • Bac’het : emprisonné
  • Amheuliañ : escorter
  • Iriennerien : conspirateurs
  • Digablus : innocent

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