Arzhel Puillandre, 21 ans, habite Gouesnou depuis 20 ans. Aujourd’hui en école d’ingénieur à Centrale Nantes et en alternance à Concarneau, il n’est jamais loin de Gouesnou, où il retrouve sa famille, ses amis, et le tapis de gouren.

Sports

Publié le mardi 14 juin 2022

Qu’est-ce qui t’a amené à pousser les portes de la salle de lutte de Guipavas ?

J’ai commencé le gouren à 4 ans, parce que mon père en avait fait étant jeune. C’est aussi le cas de mon oncle, qui en fait encore: ça aide d’avoir un champion d’Europe comme coach, voire comme adversaire! J’ai bien essayé le foot ou le badminton à Gouesnou, mais aujourd’hui, ça fait 18 ans que je fais du gouren à la skol (école) gouren Guipavas: j’ai continué parce que ça me plaisait. Récemment, je me suis inscrit au judo à Nantes. J’avais envie de tester un autre style de lutte et surtout de pouvoir continuer à m’entraîner et me confronter à des adversaires avec un bon niveau physique et sportif; je veux être « rincé » à la fin de l’entraînement.

 

Tu viens juste de rejoindre le rang des seniors au gouren, mais tu as déjà un beau parcours en tant que jeune espoir…

En tant que cadet, j’ai gagné plusieurs grands tournois d’été, comme la Saint-Kadou, Larret ou Le Dellec. Pour ma première saison en senior en 2021, j’ai remporté le tournoi de Belle-Isle-en-Terre face à plusieurs lutteurs expérimentés. Ces tournois se déroulent en extérieur, sur une lisse de sciure. En hiver, c’est très différent: on lutte en intérieur, sur des tapis. En junior, je suis devenu champion de Bretagne de gouren en 2018, et champion de Bretagne de backhold (lutte anglo-écossaise) en 2020, quelques jours avant le premier confinement. Et surtout, en 2018, j’ai été sélectionné pour faire partie de l’équipe de Bretagne lors des Championnats d’Europe espoirs des luttes celtiques, à Penrith (R-U) en 2018.

 

Justement, ces Championnats d’Europe sont-ils l’un de tes meilleurs souvenirs au gouren ?

Oui, parce qu’on ne partait pas favoris pour cette compétition. Dans l’équipe des hommes espoirs (-21 ans), on était tous très jeunes, on avait peu d’expérience des compétitions de ce niveau. Juste avant l’annonce des résultats, on pensait terminer 2e au classement par équipes. Finalement, on est passé juste devant l’Autriche, à 5 points! Cette victoire, c’est vraiment un super souvenir, parce qu’au-delà du classement individuel, on formait une équipe soudée, on s’était entraînés toute l’année ensemble et surtout on s’était soutenus, épaulés et encouragés tout au long de cette grande compétition, là où chaque combat individuel comptait pour remporter le titre par équipes.

Quels sont tes objectifs futurs ?

En mai, il y a les compétitions du Finistère et de Bretagne: ce sera une première pour moi chez les seniors, et je vais passer à 7 minutes de combat en temps réglementaire, voire 10 minutes 30 avec les prolongations! Je suis habitué à des combats de 5 minutes pour les autres compétitions, donc ça va être un nouveau défi. Ensuite, je veux évidemment remporter un maout (un bélier) qui symbolise la victoire au gouren. C’est une vieille tradition, il n’y a que quelques tournois d’été qui offrent cette distinction, mais c’est la  reconnaissance des plus grands lutteurs. Ça ne sera pas forcément pour cette année, mais je vais tout donner pour y arriver.

 

Le gouren: une lutte ancestrale ancrée dans la modernité

Cette lutte traditionnelle bretonne, dont les traces remontent au IVe siècle, était d’abord pratiquée par les nobles et les chevaliers comme un exercice physique. Elle s’est  popularisée au fil des siècles, avec un panel de prises techniques, une codification des résultats et une structuration des clubs autour de la Fédération de Gouren. Le gouren se pratique debout: l’objectif est de faire chuter l’adversaire sur les omoplates, pour atteindre le lamm, la chute parfaite.

 

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