Durant deux heures, Stéphane Roudaut répondait aux questions du Gouesnou Le Mag, du Télégramme et de Ouest-France

Vie municipale

Publié le vendredi 20 septembre 2019

 

Dans six mois, le mandat municipal arrivera à son terme. Avec le recul, quel est votre ressenti sur ces presque 6 années en tant que maire de Gouesnou ?

Stéphane Roudaut (SR) : Spontanément, je vous dirai que c’est une aventure collective. Une affaire de rencontres, et j’ose, de chaleur humaine, sans aucune ambiguïté (rires) !

Rencontre tout d’abord avec mon équipe, des gens de qualité, d’une grande honnêteté intellectuelle, et qui acceptent le travail en équipe. Si ce mandat est exceptionnel humainement parlant, c’est grâce à eux. Ce qui parle pour nous, c’est la qualité du bilan de ces six années.

Rencontre avec les habitants ensuite, et l’enseignement que je tire aujourd’hui est l’importance pour un maire d’être impartial. C’est primordial pour obtenir la confiance ! Alors oui, cela entraîne des désaccords, cela fait des déçus, car si le maire se doit d’écouter, il doit effectuer des choix à la fin.

Rencontre enfin avec les services municipaux. Des femmes et des hommes viscéralement attachés au service public, et qui se donnent à 100 %. J’en profite pour les saluer.

Si Gouesnou est attractive, si Gouesnou rayonne et fait envie, c’est avant tout une réussite collective !

Autre aspect du mandat qui m’a marqué, le maire est présent dans toutes les étapes de la vie, les moments importants : de la naissance du premier enfant, au mariage, au baptême républicain, en passant par le permis de construire de la maison, qui est souvent le projet d’une vie. Dans les moments durs aussi, le maire est là. Moi-même, je n’en sors pas indemne. Annoncer la disparition d’un époux, d’un père, d’une fille, c’est dur. Je fais les cent pas dans mon bureau, et je prends mon courage à deux mains.

C’est enfin, par moment, la solitude que l’on affronte. Devant une difficulté, on se retrouve souvent seul, à réfléchir, à mesurer avant de proposer et bien entendu, de décider.

Mais j’aime ce que je fais. Je n’ai aucune acrimonie, aucune acidité. Être maire, c’est la passion, c’est l’énergie. C’est un mandat formidable, en proximité, en lien, en prise directe.

 

Comment qualifieriez-vous cette rentrée 2019 ? 

SR : Je n’ai pas assez d’adjectifs, pas assez de qualificatifs pour vous dire combien cette rentrée est positive et surprenante. Elle est dynamique et entreprenante. Et peut-on seulement parler de rentrée car au niveau de l’activité municipale il n’y a pas vraiment eu de coupure. Tout avance, pas une ombre au tableau. Les effectifs des écoles sont une nouvelle fois en progression. Des familles s’installent et nous devrions récupérer la population perdue, les 500 habitants, lors de la dernière décennie. Je suis un maire heureux, les dossiers avancent tous en rythme. Il y a une cadence qui ne connait aucune contrariété. Tout avance vraiment à un rythme soutenu mais tellement satisfaisant.

 

Et comment expliquez-vous cela ?

SR : C’est un tout. Le cap est clair, fixé, les moyens sont donnés à chacun pour réussir et chacun comprend, saisit et participe à un plan de jeu, à un projet d’ensemble. Chacun, élus et services, a conscience de participer à un projet global qu’il comprend, auquel il abonde et en conscience fait vivre et améliore. Et, c’est peut-être mal placé, mais j’en suis particulièrement fier. Là où on parle d’une crise de vocation chez les élus, d’un malaise et d’un blues des maires, eh bien, disons que nous devons être une exception.

 

Et vous, comment êtes-vous ? Quels enseignements en tirez-vous ?

SR : C’est gentil de vous soucier de moi. Je tiens la pêche, vraiment (rires). J’aime voir ces projets avancer. J’ai le sentiment d’être un artisan qui façonne avec ses équipes un projet local. Et ce projet, il est partagé, concerté. A chaque fois, au début puis à chaque évolution, nous avons des points d’étape, des échanges avec les partenaires d’un projet, avec les associations, avec les riverains, avec les institutions. C’est une marque de fabrique, un signe distinctif. Nous sommes dans la co-construction constante. C’est plus long, c’est parfois fastidieux mais j’ai coutume de dire que c’est la seule et unique façon de remplir pleinement cet objectif de vivre-ensemble et de qualité de vie concrète, au quotidien, et pas seulement sur le papier. Je tire donc comme enseignement qu’il faut concerter et laisser les points de vue s’exprimer. On ne peut pas tout faire. Mais on a tout entendu et après on explique nos priorités et nos contraintes.

 

Quels sont les dossiers communaux d’actualité ?

SR : Par où commencer ? (rires). Il y a tellement de choses à dire et à valoriser. L’actualité est dense et les projets particulièrement nombreux. Ils sont « impactants ». Peut-être puis-je évoquer dans un premier temps les dossiers d’investissement et revenir par la suite sur les autres questions.

 

1. Il y a d’abord Kerloïs. Travail collectif par excellence. Avec 3,5 M€ de travaux, c’est LE projet le plus important que notre commune a connu depuis 2005. Il nous aura fallu à tous de la patience. Le chantier est désormais livré et les clubs, les sportifs en ont pris possession il y a quinze jours. Nous sommes en train d’évaluer avec le Département et la Métropole l’opportunité de créer un accès depuis la route départementale. J’y suis très attaché pour une question de qualité de vie des riverains de Kerloïs. Ceci dit, la voirie est une compétence partagée entre le Département et la Métropole et je ne minore pas l’aspect budgétaire du dossier. Il y en aurait pour un demi-million d’euros au bas mot. Plus largement, cela doit préfigurer une refonte complète du rond-point Charles de Gaulle et de la RD 788 dans ce secteur. Revenons à nos moutons, l’inauguration de Kerloïs est prévue le samedi 19 octobre prochain et vous y êtes conviés et vos lecteurs gouesnousiens également (rires) ;

 

2. L’Espace Pierrot-Menez est le second point fort de cette rentrée. Je veux d’abord saluer la mémoire de Monsieur Menez et remercier sa famille d’être à nos côtés au travers ce projet emblématique. Comme sur Kerloïs, les clubs sportifs concernés ont travaillé ensemble à la définition des besoins et à leur prolongement opérationnel. C’est un nouveau « maillon » essentiel du Parc du Crann qui doit servir au football, à l’athlétisme, aux clubs et aux scolaires. Ce projet vient en remplacement des algecos et bâtiments quelque peu hors-d’âge situés sur l’ancien stabilisé. Ce n’est donc pas du luxe. Les travaux préparatoires vont débuter. Livraison prévue à l’été 2020 pour 1,7 M€ de travaux ;

 

3. S’agissant de l’église Saint-Gouesnou, le dossier est engagé et la CAO a récemment validé les entreprises devant intervenir. Le chantier va être lancé avec en point d’orgue, le montage d’un impressionnant échafaudage à partir de novembre prochain et les opérations autour des cloches qui devront être envoyées en atelier pour réparation. Si on ne fait rien pour ces cloches, elles ne sonneront plus dans quelques années. La première phase couvrira toute l’année 2020 et sera consacrée aux travaux dits d’urgence, avec notamment la restauration des maçonneries du clocher. En 2021, la seconde phase dite de conservation concernera les façades et les vitraux. Le projet est d’importance et s’élève à 1 M€, avec toutefois un taux de subventionnement conséquent. A terme, nous allons avoir un ensemble et un projet patrimonial intéressant, couplé à un circuit de randonnée partant et revenant à l’église, mais, sur cet aspect, nous n’en sommes qu’au tout début. Un mot sur les aménagements paysagers des cimetières, pour lesquels une étude a été réalisée et rendue publique en novembre dernier. S’agissant du cimetière du bourg, en raison de la concomitance des travaux de l’église, une phase « test » sera réalisée en 2020 sur le secteur du cimetière entre l’église et la chapelle ;

 

4. Le projet de nouvelle école du Château et d’îlot-mairie avance à grand pas désormais. Toutes les acquisitions foncières sont faites, charge à la Ville et ses partenaires d’y mettre du rythme. Chacun peut comprendre qu’il convient de tout mesurer, tout doit être au cordeau. Au total je rappelle qu’il s’agit d’un dossier de quasi 15 M€ pour la Ville et, dans son ensemble, plus du double avec les aménagements urbains et les futurs logements. L’école doit permettre à Gouesnou d’accueillir une nouvelle population et d’offrir de nombreuses possibilités en matière d’enfance, de culture et des services à la population. Le chai situé sur la propriété Crouan va être démoli dans les prochains jours et nous allons conserver les pierres pour les futurs aménagements ;

 

5. La Maison des solidarités Simone-Veil suit son cours. Nous allons recruter sans tarder l’équipe de maîtrise d’œuvre. L’été prochain, le bâtiment de l’ancienne crèche ouvrira ses portes au profit de tous les acteurs du territoire en matière de solidarité. Je sais le projet très attendu par le Secours catholique, l’ADMR et nos autres partenaires et je suis intimement convaincu que la réunion des acteurs de la vie sociale dans un même bâtiment entraînera une saine émulation. Les travaux de réhabilitation, d’un montant de 400 000 €, s’échelonneront sur le premier semestre 2020 et nous en profiterons pour redéfinir et offrir de nouvelles possibilités de stationnement dans le secteur ;

 

6. Le Foyer Jean-Monnet et la Médiathèque Eugénie-Le Bail vont connaître une « petite » opération d’embellissement. Au foyer Jean-Monnet, qui accueille désormais les Amis Aquariophiles, le changement des volets et le ravalement, d’un montant total de 32 000 €, pourraient intervenir avant la fin d’année, si bien sûr la météo nous le permet ! En ce qui concerne la médiathèque, le ravalement aura lieu fin octobre, pour un coût plus modeste de 4 000 € ;

 

7. Le projet de déploiement de vidéoprotection à Kergaradec est désormais finalisé. Devant les résultats probants du dispositif de protection des bâtiments municipaux, l’Etat est à nos côtés et nous a octroyé une subvention de 52 000 € – soit 40 % du montant des travaux – au titre du FIPD (Fonds Interministériel de Prévention de la Délinquance). Nous pouvons également compter sur le soutien de l’AFEC, l’association foncière des commerçants de Kergaradec, qui contribuera à hauteur de 42 000 €, et enfin, sur des donations d’entreprises, suite au lancement d’une souscription cet été. Au total, actuellement, cela représente un peu plus de 100 000 € sur les 160 000 € de l’opération. Nous avons souhaité étendre ce dispositif aux zones de Mescadiou et du Carpont. Nous voulons protéger ici « l’outil de travail », l’entreprise, celle qui fait vivre un territoire et des familles. C’est un projet partagé avec les acteurs du territoire, les entreprises. La qualité de l’approche est saluée par le Préfet lui-même ! C’est un motif réel de satisfaction. 25 caméras seront déployées au total sur ces trois secteurs d’activités ;

 

8. Le bâtiment BMH rue de l’Eglise va être livré dans les prochaines semaines. C’est un projet très attendu par la paroisse notamment qui va y être relogée. Elle bénéficiera d’un espace de 60 m², comprenant une salle de réunion, deux bureaux et un accueil. Par ailleurs, une grande salle municipale de 110 m² est en passe d’être finalisée. Elle vise à accueillir des activités associatives et permettra de soulager un peu le Centre Henri-Queffélec. Nous avons récemment décidé d’appeler cet espace l’Enclos. L’acquisition de ces locaux se fera pour un montant de 475 000 € ;

 

9. L’Espace multisport du Crann n’est pas en reste avec la création d’espaces de rangement et de stockage. C’est un point très attendu par les clubs. Les travaux vont se faire en novembre pour un montant de 60 000 € ;

 

10. Le programme d’embellissement du centre-ville suit son cours. Depuis 2016, nous accompagnons les commerçants et particuliers pour les ravalements, rénovations de devanture et changements de volets. Chaque année, la Ville accompagne les commerçants dans la mise aux normes d’accessibilité et la refonte des vitrines ou encore les particuliers dans une logique d’embellissement. Une enveloppe de 70 000 € est ainsi chaque année débloquée. A ce jour, 27 subventions ont été octroyées, et au moins cinq dossiers sont en cours d’instruction. Par ailleurs, à l’occasion de Gouesnou en Fête, 18 mâts ornés de drapeaux des nations celtiques et villes jumelles ont été installés, pour un montant total de 20 000 €. Au fur et à mesure, le cœur de ville se fait une seconde beauté, en harmonie avec l’église. Je reviendrai sur d’autres dossiers connexes ;

 

11. L’offre en matière d’aires de jeux sur la commune va sensiblement s’étoffer, avec en premier lieu, la création sur la prairie Saint-Gouesnou de deux aires de jeux complémentaires – 190 m² pour les petits et 170 m² pour les plus grands. Les travaux, portés par Brest métropole et d’un montant de 45 000 €, sont en cours à l’heure où je vous parle. Concernant les revêtements, le choix s’est porté sur les copeaux de bois, aux propriétés amortissantes similaires à celles des revêtements d’origine pétrolières, mais bien plus sains et écologiques. En parallèle, un travail est mené avec la Métropole sur la réalisation d’une aire de jeux inclusive ;

 

12. Concernant la signalétique, nous avons décidé de travailler à une nouvelle approche, la première n’étant pas satisfaisante, et bien trop onéreuse. Je vous en dirai plus avant la fin d’année ;

 

13. Mise à jour du schéma des équipements culturels et le lancement d’une assistance à maîtrise d’ouvrage au Centre Henri-Queffélec. Là aussi nous allons travailler à la refonte et à la restructuration progressive du CHQ, sans oublier la liaison avec l’Espace Mandela. Nous devons préalablement élaborer un projet culturel global et ambitieux avec nos partenaires et les acteurs du territoire. Puis, avec un bureau d’étude de professionnels, mettre en mouvement une programmation pluriannuelle d’investissements où l’usage culturel retrouvera toute sa place. L’arrivée de Kerloïs combinée à Pierrot-Menez, au bâtiment rue de l’Eglise doit avoir une conséquence bénéfique sur le CHQ. Lui redonner pleinement sa vocation première, voilà ce qui est recherché. A ce stade, je suis bien en peine de vous donner des détails et des montants ;

 

14. La Mairie, l’Hôtel de Ville, va faire l’objet d’une étude plus poussée. Il s’agit d’accompagner tout autant le développement de la commune, des missions de service public qu’une redéfinition de l’organisation spatiale des services à l’orée de la nouvelle Maison des solidarités et du jeu de chaises musicales que cela va entraîner. Enfin, nous devons régler des problèmes d’isolation thermique. Les agents ont le droit d’avoir du confort ! Un premier schéma devrait émerger dans le courant de l’année prochaine ;

 

15. Enfin, la Halle va être louée à des commerçants du centre-bourg qui portent des projets de travaux dans leurs locaux d’origine. Nous mettrons à profit cette nouvelle période d’occupation pour travailler à un nouveau projet car on se rend compte que la configuration actuelle des locaux ne fonctionne pas. Avec 55 m² chacun, ils sont trop petits et inadaptés à de nombreuses activités. Ils n’ont par ailleurs ni espace de stockage ni de préparation. Ne nous méprenons pas, il ne s’agit pas d’agrandir la halle, mais de l’adapter ;

 

Oui, c’est dense. Voilà, je garde un peu de souffle (rires). Il y a bien d’autres projets en cours mais je ne tiens pas à être rébarbatif. J’insiste, je veux vraiment, vraiment, vraiment, que vos lecteurs comprennent qu’il y a effectivement une densité, assumée d’ailleurs car c’est la marque d’une détermination, d’une volonté. Mais que c’est aussi et surtout l’expression d’un ensemble cohérent, d’un projet global, pensé, pesé.

Au total, les projets que je viens d’évoquer représentent à eux seuls plus de 8 M€, sans compter à ce stade l’école et l’îlot-mairie.

 

Qu’en est-il du déploiement de la fibre optique ?

SR : Eh bien, cela avance, et même plus vite qu’escompté ! 40 % des foyers seront accessibles d’ici la fin de l’année (soit 1 300 logements environ), puis 80 % début 2020, selon Orange. L’ensemble de la commune devrait être couvert fin 2020.

 

Vous évoquiez l’an passé la question des routes départementales comme un « grand défi ».  Avez-vous obtenu des avancées sur ce dossier ?

SR : On progresse à petits pas. Outre les études sur la faisabilité de créer un barreau d’accès à Kerloïs, nous avons obtenu d’arrache-pied la réalisation par le Département d’aménagements permettant de sécuriser la traversée des piétons aux ronds-points Charles De Gaulle et de Kerloïs, sur la RD 788.

Mais nous sommes encore très loin du compte. Sur les problématiques de circulation, de sécurité pour les usagers, j’ai conscience de l’insatisfaction et des attentes des Gouesnousiens. Je le dis à brûle-pourpoint, le Département n’est pas au niveau. Sachez que je ne désarmerai pas pour autant.

 

Vous avez évoqué les projets communaux d’investissement, et en matière d’urbanisme en centre-ville, que pouvez-vous nous dire ?

SR : Je souhaite déjà rappeler que sur le seul centre-bourg, en ce moment même, plus de 24 M€ d’investissements privés ont été réalisés ou sont en passe de l’être. Tous les projets du centre-ville se font en renouvellement urbain. Ils viennent en remplacement d’une vieille bâtisse, de bâtiments ne présentant pas d’intérêt architectural ou historique. A cela s’ajoute le programme d’embellissement et de colorisation que j’ai évoqué. C’est très net en ce moment, il y a un avant et il y a un après.

Vous savez, j’ai un adjoint et ami qui me dit souvent, je le cite : « on n’a pas de deuxième chance de faire une première impression » et il a raison. C’est là notre leitmotiv. Le centre-bourg, c’est le cœur de Gouesnou, c’est une vitrine, à nous de le rendre chaque jour plus beau et plus attrayant. C’est important pour le commerce, l’activité, ça l’est pour un couple, une famille qui vient visiter Gouesnou dans l’éventuelle optique de s’y installer.

C’est aussi pour nous tous, pour les Gouesnousiens, disons-le vraiment, un motif de fierté. C’est chouette, c’est sympa, c’est grisant de vivre dans le plus beau bourg et la plus belle commune de la métropole, non ? (rires).

 

A vous écouter, le centre-bourg c’est quelque chose ?

SR : Oui. Le centre-ville c’est tout ! C’est un TOUT en majuscules, mais permettez-moi de vous dire que je suis surpris de cette question. C’est tellement évident. C’est l’alpha et l’oméga. Avec mes équipes, nous nous battons chaque jour pour le centre-bourg. C’est la vie, c’est le commerce, c’est là que tout converge. Je suis très à cheval là-dessus. D’ailleurs, depuis le début de ce mandat, nous nous sommes dotés d’outils nous permettant d’éviter toute dispersion et toute installation de commerce de proximité ailleurs que dans le bourg. Hors de question qu’un commerce s’installe en périphérie ou sur un axe de communication. Si cela devait être le cas, ce serait le début de la fin. Le commerce appelle le commerce et il faut du flux, du stationnement, de beaux aménagements.

Nous avons un autre problème. Un problème de riches vous allez me dire. A l’heure où je vous parle, 13 activités commerciales voudraient s’installer en centre-bourg de Gouesnou. C’est dire l’intérêt porté à notre commune.

Alors, avec la Métropole, d’ici quelques semaines, nous allons lancer une vaste étude, un vaste diagnostic sur le centre-ville et les entrées du bourg. Toutes les thématiques seront abordées : la mobilité, les nouvelles attentes en la matière, les aménagements, le stationnement, la place du vélo, du piéton, les potentiels de mutation, le commerce, les services, le patrimoine, les espaces paysagers, et j’en passe. L’objectif étant de mettre en place une politique pluriannuelle et de créer les outils nécessaires, publics et privés, pour y renforcer l’activité. Comment créer de nouveaux locaux commerciaux ? C’est une question simple qui doit nous amener à réfléchir « outils » !

Plus largement, c’est d’être constamment dans la prospective. Quel Gouesnou voulons-nous en 2020, puis en 2025 et en 2030. C’est cela l’objectif !

 

Si nous devions nous arrêter sur une ou deux grandes notions, lesquelles seraient-elles ?

SR : Assurément le « couple » environnement-qualité de vie et quelque part la justice, ou tout du moins être juste dans l’approche municipale. Je m’explique.

J’attache une très très grande importance au cadre de vie, à l’environnement et ce n’est pas récent. Je crois en la vertu de la simplicité et de la beauté. Cela peut paraître pompeux et grandiloquent, dit comme cela. Mais je crois que vivre dans un bel endroit, simple mais soigné, vivre dans un environnement où on attache de l’importance à la qualité architecturale, à la couleur, aux éléments paysagers, cela rejaillit inévitablement sur notre façon d’être, sur notre moral et notre perception des choses. Sur nos vies !

En matière de commande publique, c’est la même chose ! C’est du bio, des circuits courts, de la saisonnalité dans les assiettes de nos enfants à la cantine. C’est dans le cadre de ce marché cantine, l’insertion par le travail, de l’embauche de deux personnes que la vie avait cabossées. Qui le sait ça ?

Gouesnou, c’est aussi depuis mon arrivée 100 % d’électricité verte. La Ville achète à ses fournisseurs un volume d’électricité correspondant à un volume d’électricité verte produite. Qui le sait ça ?

Gouesnou, c’est zéro produit phyto, du matériel mécanique pour désherber, des bénévoles pour l’entretien des cimetières, des graines de fleurs distribuées pour les pieds de murs et de talus, qui sait ça ?

Gouesnou, c’est moins de détergents dans l’entretien des écoles, des gymnases, remplacés par de l’eau ozonée, c’est l’usage systématique du papier recyclé ou PEFC, et d’encres uniquement d’origine végétale, qui sait cela ?

C’est la remise à niveau du patrimoine communal existant, afin de rendre nos bâtiments plus propres, plus économes. C’est aussi la mise à disposition prochaine de vélos électriques pour les agents et les élus dans leurs déplacements.

Vous voyez, je sais que c’est une préoccupation dans l’ère du temps. Je veux simplement dire aux Gouesnousiens que nous n’avons pas attendu. Que tout est loin d’être parfait et que j’en ai une conscience aigüe.

 

C’est-à-dire, que comptez-vous faire de plus ?

SR : Effectivement, il y a beaucoup à faire en plus ou à refaire parfois ! J’ai demandé l’année dernière aux services d’effectuer une introspection sur les pratiques internes, les actions menées. Cela met au jour une nécessite de convergence, de transversalité.

Nous poursuivons notre réorganisation interne – à périmètre constant –  et allons embaucher d’ici quelques semaines un-e chargé-e de mission en matière d’urbanisme et environnement. C’est une priorité. C’est ma priorité et je me mobilise « moi-même » très fortement. Ce sera là un motif fort ou d’échec de mon engagement public.

Cette personne aura en charge toutes les questions que je viens d’évoquer. C’est tout à fait nouveau et rare dans l’organisation des collectivités. Elle aura en charge l’étude de centre-bourg, mais aussi l’étude paysagère sur les bâtiments communaux et on sait qu’il y a du travail, la redéfinition de la stratégie de commande publique, la stratégie de rénovation des bâtiments – et pourtant nous sommes plutôt bons –, le programme d’investissement et de changement des véhicules thermiques pour de l’électrique ou hybride, ce grand projet et son schéma d’aménagement qu’est le Parc du Crann, la liaison avec la Métropole, et j’en oublie.

A ce sujet, nous allons planter d’ici peu plusieurs milliers d’arbres à Gouesnou avec les enfants de la commune. C’est d’ailleurs le prolongement de ce travail paysager que j’évoquais et plus loin, la validation d’au moins un verger partagé.

 

Vous évoquiez le Parc du Crann, pouvez-vous développer ?

SR : Le Parc du Crann c’est LE projet des 10 prochaines années. C’est à la fois proche et lointain.

En juin, lors de la réunion de présentation de la démarche, des enjeux et de la méthodologie, j’ai ressenti un engouement et un enthousiasme remarquables des Gouesnousiens. Et surtout, une attente et des aspirations fortes.

Je ne vous cacherai pas que ce dossier est autant ambitieux qu’il est complexe, mais nous sommes appuyés par une équipe pluridisciplinaire chevronnée.

Aujourd’hui est venu le temps de la concertation, de la co-construction, avec les habitants – de 7 à 77 ans et plus – les associations, etc. J’invite le plus grand nombre à s’inscrire à ces moments, à apporter leur coup de pinceau à ce beau projet. Il s’agit vraiment de dessiner ensemble, le Crann de 2030.

 

En matière de handicap, où en sommes-nous ?

SR : L’agenda d’accessibilité programmée de la Ville arrive à son terme à la fin de l’année. Un million d’euros ont été investis dans la mise en accessibilité de notre patrimoine bâti sur 4 ans, conformément au calendrier que nous avons défini. A côté de cela, il y a eu la refonte du site, primé notamment pour la dimension « inclusive » du handicap visuel, l’accompagnement financier des commerçants sur l’accessibilité de leurs enseignes depuis l’espace public, l’accompagnement des porteurs de projets immobiliers pour plus de logements adaptés.

Mais nous devons aller plus loin. Nous devons faire évaluer notre politique en faveur de l’accessibilité, afin de la faire évoluer. Passer de l’accessibilité à l’inclusion. Et pour ce faire, nous allons nous inspirer de ce qui se fait chez les autres, nous entourer de personnalités qualifiées, de personnes concernées par le handicap, et poursuivre notre action, en prolongeant notre agenda et en ouvrant le champ à tous les handicaps.

 

Sur la question de l’égalité femmes-hommes, quelles sont les avancées de la Ville ?   

SR : En mars de cette année, la Ville de Gouesnou a signé la charte européenne pour l’égalité des femmes et des hommes. Nous ne l’avons pas fait pour la photo, mais pour nous engager dans la durée sur cette question.

Depuis plus d’un an maintenant, un comité de pilotage associant toutes les sensibilités se réunit assidument et de manière autonome, effectue des propositions concrètes et s’attelle à réaliser un plan d’actions conformément à nos engagements. Pour une commune de cette strate, je dirais humblement que c’est assez singulier.

Il est de notre devoir de nous montrer exemplaire, de sensibiliser le plus grand nombre, et d’irriguer les plus jeunes. Et nous l’avons fait en avril à l’occasion du festival Nananère, en plaçant l’égalité filles-garçons et la lutte contre les discriminations sexistes en fil rouge de cette édition.

 

Justement, en parlant de jeunesse, de nouveaux projets sont-ils à venir ?

SR : La jeunesse, c’est l’avenir ! Mais au-delà de cette lapalissade, la commune a un rôle important à jouer afin de permettre aux jeunes, aux « presqu’adultes », de se construire, de forger leur citoyenneté. Le plus grand écueil serait de les ignorer. Car si on n’implique pas les jeunes, alors ils ne s’impliqueront pas. C’est pourquoi, à Gouesnou, on a décidé d’offrir à celles et ceux qui le souhaitent une formation aux premiers secours (PSC1).

Par ailleurs, la semaine prochaine, le Conseil municipal délibérera sur la mise en place d’un dispositif « argent de poche », à destination des jeunes de 15 à 17 ans. Etant donné qu’il est difficile de trouver un job lorsque l’on n’est pas majeur, nous voulons donner l’opportunité aux Gouesnousiens qui le souhaitent d’accomplir des tâches d’intérêt communal, d’une durée de trois heures, moyennant une rémunération de 15 €. Par la même occasion, ils seront sensibilisés au service public, au bien public, à l’intérêt général. C’est une expérience qu’ils pourront valoriser par la suite.

 

Sur le volet culturel, un des grands temps forts de cette année à venir sera le lancement d’une résidence.

SR : C’est effectivement un projet qui me tient particulièrement à cœur. Je dirais même à titre personnel que c’est LE projet.

L’idée est d’accueillir, via un appel à projet, un artiste ou une formation pour un projet de création, avec pour axe directeur d’investir l’art sur l’espace public, d’occuper le territoire en interrogeant l’identité gouesnousienne, dans sa diversité.

Un partenariat public-privé se met en place et la résidence devrait être lancée au printemps 2020.

Ce projet va faire date et détonner dans le paysage local.

 

La thèse d’histoire rentre dans sa deuxième année. Pouvez-vous nous faire un point sur les avancées ?

SR : Tout d’abord, nous continuons à revoir de nombreuses sollicitations des six coins de l’hexagone : témoignages, récits, ouvrages. Nous avons eu par ailleurs le plaisir d’accueillir en mai une classe de lycéens de Vendée dans le cadre d’un projet transdisciplinaire (histoire & lettres) sur  les événements de Penguérec.

Quant à Dimitri Poupon, il poursuit ses recherches, rencontre des témoins survivants. Il nous rend régulièrement compte – et spontanément – des avancées dans ses travaux.

En juin, Dimitri est intervenu dans les classes de cours moyen des trois écoles de la commune, afin d’évoquer son travail, d’expliquer le contexte des événements de Penguérec. C’était la première étape d’un cycle de restitutions dont le calendrier va s’accélérer au fil des mois.

En 2020, une restitution publique à mi-parcours sera organisée. Les interventions dans les écoles seront reconduites et nous réfléchissons, avec le doctorant, à d’autres modalités, telles qu’une déambulation commentée des différents lieux du « 7-Août », en suivant la chronologie des événements.

Parallèlement, une équipe de reporters, qui travaille notamment pour France Télévisions, réalise des prises de vue dans le cadre d’un ambitieux projet de documentaire « grand-format », avec un tournage qui s’étalera vraisemblablement sur la durée de la thèse. Enfin, à terme, le travail de Dimitri, qui a vocation être publié sous forme de livre, pourrait donner lieu à une déclinaison sous un autre support… Mais je ne vous en dirai pas plus !

 

Il y a un an,  la réserve Gouesnou Volontariat était créée. Quel bilan en tirez-vous ?

SR : Et à ce jour, 95 personnes se sont inscrites à Gouesnou Volontariat. C’est remarquable, mais symptomatique de l’esprit de notre commune, de cette solidarité naturelle.

Je me permets un léger aparté à ce sujet. Le mois dernier, nous avons vécu une disparition inquiétante, et décidé, conjointement avec la Gendarmerie, d’organiser une battue, au pied-levé. 200 personnes se sont présentées le lendemain matin en mairie, malgré des conditions météorologiques très difficiles. Je tiens à remercier toutes celles et ceux, réservistes de Gouesnou Volontariat, habitants de la commune, et de l’extérieur, pour cette formidable mobilisation malgré l’issue tragique des recherches.

La réserve a été sollicitée régulièrement depuis sa création : nettoyage des cimetières, opérations « plantes invasives » avec le concours de la Métropole ou encore l’aide au montage des stands à Gouesnou en Fête. Je relève aussi ces moments de convivialités à chaque sollicitation et cet enthousiasme de chaque instant chez les membres de Gouesnou Volontariat. C’est vraiment une très belle aventure humaine.

 

Enfin, la question est sur toutes les lèvres. Qu’allez-vous faire aux élections de 2020 ?

SR : J’ai beaucoup réfléchi. J’ai consulté, et je consulte encore aujourd‘hui. Je suis en train d’affermir ma décision et je la ferai connaître d’ici peu à mes proches et à mes soutiens. Encore un peu de patience donc !

Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’il reste encore 6 mois à accomplir. Vous avez pu constater les quelques projets qui nous attendent. Ils ne manquent pas. Alors, assez parlé, il est temps de me remettre au travail (rires) !

 

 

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