Le train du 19e siècle
La rue de la gare doit sa dénomination au « p’tit train » qui, autrefois, venant de Brest par Le Rufa sur voie métrique, tracté par une locomotive à vapeur, passait par Gouesnou et s’arrêtait à la gare située au niveau de l’immeuble de Brest Métropole Habitat (8 à 14) rue Saint-Gouesnou : sur la photo, à l’arrière-plan, on distingue bien le mur en pierres qui existe toujours. La voie ferrée était posée sur le chemin devenu rue Saint-Gouesnou.
Le 25 février 1894, la Compagnie des Chemins de Fer Départementaux du Finistère inaugure une ligne Brest-Plabennec-Plouvien-Lannilis. Elle sera prolongée, plus tard, jusqu’à L’Aberwrach. Puis, de Plabennec, on pourra gagner Lesneven et la ligne qui, partant de Landerneau, dessert au fil des années, Plounéour-Trez, puis Brignogan et enfin Saint-Pol- de-Léon en juillet 1907. Le train transporte voyageurs, sacs postaux, marchandises : les légumes de la zone côtière en ont fait « le train patates ».
On voyage en 1e, 2e, ou 3e classe. Les horaires sont approximatifs selon les aléas du parcours : quand la locomotive s’essouffle, les voyageurs descendent pour la soulager ; il est vrai aussi que les bancs en bois ne sont guère confortables ! La vitesse a du mal à dépasser 25 km/h. Des accidents se produiront.
La fin du rail gouesnousien
Le 31 décembre 1938, c’est le dernier voyage de Lesneven à Gouesnou. Les camions, les cars, les problèmes dus à la voie métrique ont eu raison du « train patates ». Il reprendra du service de 1941 à 1946. Les Allemands l’utiliseront pour les besoins de la ligne Todt. A cette époque, dit-on, des pelletées de charbon tombaient, on ne sait comment, le long des voies. Le précieux combustible était vite ramassé pour ne pas gêner la circulation du train !
En 1947, la commune acquiert, au prix de 150000 francs «l’emplacement de la voie ferrée, de la station et du ballast ». Des baraques vont remplacer la gare ; d’autres s’alignent sur la voie elle-même, le long de la route de Plabennec. Puis viendront les maisons.
Et le 29 mai 1962, les élus adoptent la dénomination Rue de La gare, à la place de Route de Plabennec pour cette zone en pleine expansion, et y ajoutent la numérotation des habitations. Les lieux-dits disparaissent : la gare, Pratlaouarc’h, Salanguis.
La gare est liée à l’histoire de la commune : le train a sifflé la fin de l’étude buissonnière pour des gamins à qui il indiquait l’urgence de rentrer à la maison. De cette gare, le soir du samedi 1er août 1914, à 21h, sont partis les premiers hommes mobilisés. (Registre paroissial). Elle est aussi un lieu emblématique de l’affaire Herriquet, une probable erreur judiciaire sur la personne du facteur-receveur en 1920.
Aujourd’hui encore, des souvenirs resurgissent le long de « la ligne », plus connue désormais sous le nom de « voie verte ».
Les Amis du Patrimoine